Revue de réflexion politique et religieuse.

En librairie : numéro courant

Numé­ro 160 : Nou­velle emprise sur les masses

Dans les socié­tés occi­den­tales répu­tées avan­cées, l’administration des choses a depuis long­temps suc­cé­dé au gou­ver­ne­ment des hommes, ce que tra­duit com­mu­né­ment le terme de « gou­ver­nance », issu des sciences de ges­tion, pour dési­gner toute forme d’organisation pra­tique d’un groupe, notam­ment poli­tique, dis­qua­li­fiant toute inter­ro­ga­tion sur sa fina­li­té. Le gou­ver­ne­ment n’est ain­si consi­dé­ré qu’en tant que tech­nique per­met­tant d’obtenir, de la part de des­ti­na­taires, une exé­cu­tion qu’on ne qua­li­fie plus d’obéissance, à des mesures qui ne doivent plus être des actes d’autorité. L’évolution est aus­si ancienne que le saint-simo­nisme, mais les outils mis à dis­po­si­tion de la gou­ver­nance ne cessent de se per­fec­tion­ner.
Popu­la­ri­sée sur­tout après que l’un de ses prin­ci­paux concep­teurs, Richard H. Tha­ler, a obte­nu le prix Nobel en 1997, l’économie com­por­te­men­tale irrigue désor­mais for­te­ment les orga­ni­sa­tions publiques, y com­pris (et peut-être désor­mais sur­tout) de ce côté-ci de l’Atlantique.

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27 Mai 2025

Bernard Dumont : La royau­té du Christ, genèse d’un déclas­se­ment

Sur le der­nier ouvrage de Juan Fer­nan­do Sego­via. 

L’auteur, déjà connu de nos lec­teurs, a mal­heu­reu­se­ment quit­té ce monde au cours de ce mois de mai 2025. Le pré­sent texte[1] est l’un de ses der­niers tra­vaux, offrant la syn­thèse d’une série de contri­bu­tions à des publi­ca­tions col­lec­tives sur le dogme de la royau­té du Christ, spi­ri­tuelle et tem­po­relle indis­so­cia­ble­ment. Il com­mence par une défi­ni­tion de la royau­té sociale du Christ, cen­trée sur l’encyclique de Pie XI, Quas Pri­mas, dont on célèbre le cen­te­naire cette année. Puis il mène une ana­lyse des prin­ci­pales néga­tions de ce concept, logiques dans l’esprit du pro­tes­tan­tisme et du libé­ra­lisme, moins logiques mais tout aus­si intel­li­gibles dans les ten­ta­tives suc­ces­sives d’accepter l’état de fait au sein de l’Église, moins logiques encore dans cer­tains milieux où l’on ne l’attendrait pas, en l’occurrence les quelques groupes de catho­liques adeptes du « spi­ri­tuel d’abord » s’affairant à cam­per ensemble loin des affaires du monde, don­nant ain­si forme à un « com­mu­nau­ta­risme catho­lique » – ou son pen­dant clé­ri­cal, une « hié­ro­cra­tie ». Vient enfin une ana­lyse des effets de la crise liée à Vati­can II, le prin­ci­pal étant de vider de sens le dogme de la royau­té du Christ exal­té il y a main­te­nant un siècle. (suite…)

27 Mai 2025

Denis Mestre : Saint Tho­mas, Michel Vil­ley, et… René Girard

Doc­teur en phi­lo­so­phie et en droit, Paul Dubou­chet a été maître de confé­rences en droit public à l’U­ni­ver­si­té des Antilles et de la Guyane puis à l’U­ni­ver­si­té de Corse. Ses écrits ont d’abord por­té sur l’histoire des idées poli­tiques, la théo­rie et la phi­lo­so­phie du droit avant d’aborder plus spé­ci­fi­que­ment la pen­sée de René Girard. L’objet de son der­nier ouvrage[1] n’apparaît pas clai­re­ment de prime abord : si le sous-titre laisse entendre qu’il s’agit d’un hom­mage à Michel Vil­ley, le titre évoque une ana­lyse de la pen­sée d’Aristote et de Saint Tho­mas dans l’histoire de la pen­sée juri­dique. L’introduction très brève (2 pages) ne cla­ri­fie pas tel­le­ment le pro­pos. L’auteur y indique vou­loir don­ner un aper­çu de l’« œuvre immense » de Michel Vil­ley à tra­vers une relec­ture de son der­nier ouvrage (Ques­tions de Saint Tho­mas sur le droit et la poli­tique, Puf, 1987), com­plé­tée par quelques articles choi­sis. À ce stade de la lec­ture, on ne voit pas pour­quoi l’auteur limite son pro­pos à ces quelques textes au lieu de pro­cé­der à une ana­lyse com­plète de la pen­sée de Michel Vil­ley. Et l’on ne sai­sit pas le rap­port direct avec la pen­sée d’Aristote et de saint Tho­mas à laquelle se réfère le titre de l’ouvrage. La suite de la lec­ture ne cla­ri­fie pas tel­le­ment le pro­pos. On alterne entre les ana­lyses d’histoire de la pen­sée juri­dique propres à l’auteur, la para­phrase des textes de Michel Vil­ley, de saint Tho­mas ou d’Aristote et la mise en rela­tion de ceux-ci avec une grande varié­té de phi­lo­sophes. (suite…)

21 Jan 2025

Dom Giulio Meiattini : Décons­truc­tion de la famille. Un exemple de sophisme argu­men­ta­tif

Depuis quelque temps, le thème de la famille est au centre de dis­cus­sions et d’études, de contro­verses poli­tiques pas­sion­nées et d’informations dra­ma­tiques. Sur la vague de ces débats scien­ti­fiques et de ces études appro­fon­dies, de pres­sions cultu­relles, et sou­vent de mani­pu­la­tions média­tiques, l’affirmation selon laquelle il n’existe pas de type de famille unique ou natu­relle devient de plus en plus fré­quente, dans la mesure où les modèles de l’institution fami­liale, les images men­tales et les réa­li­sa­tions cultu­relles qui s’y rap­portent sont mul­tiples, à la fois dia­chro­niques et géo­gra­phi­que­ment syn­chrones, et conti­nuent de chan­ger, à un rythme accé­lé­ré, dans diverses par­ties du monde.

À par­tir de pré­misses empi­riques (four­nies par la socio­lo­gie, l’anthropologie cultu­relle, l’histoire), on conclut que les réa­li­tés dési­gnées chaque fois par le terme « famille » seraient tel­le­ment hété­ro­gènes que l’usage du sin­gu­lier pour les dési­gner serait inap­pro­prié. Seules des « familles », au plu­riel, exis­te­raient, ou encore ce que l’on appelle « famille », si l’on veut, se pré­sen­te­rait sous des formes si nom­breuses et si variées qu’il serait impos­sible de la réduire à une idée unique et de vali­di­té uni­ver­selle. (suite…)

19 Août 2024

Jacques Henry : Du pou­voir des entre­prises à la re-poli­ti­sa­tion de la cité

On a dit bien des choses sur les trois pou­voirs de Mon­tes­quieu. La plus impor­tante est peut-être qu’ils sont aujourd’hui à relé­guer au second rang. Ce sont les entre­prises qui façonnent et struc­turent nos socié­tés. Dans ce contexte, Soh­rab Ahma­ri signe un essai bien­ve­nu, Tyran­nie and Co. Les grandes entre­prises contre la liber­té[1]. Amé­ri­cain né en Iran, l’auteur « appar­tient à un milieu de pen­seurs catho­liques, cri­tiques des orien­ta­tions libé­rales du mou­ve­ment conser­va­teur, qui appellent à une appli­ca­tion actua­li­sée des prin­cipes de la doc­trine sociale catho­lique » (4e de cou­ver­ture). Son ouvrage vise un double objec­tif (p. 29) : mon­trer « com­ment nous avons per­du notre capa­ci­té à dis­cer­ner la tyran­nie pri­vée » et pro­po­ser une « grande visite de notre sys­tème, en mar­quant des arrêts dans les espaces de tra­vail, devant les contrats de tra­vail, au tri­bu­nal, dans les fonds d’investissement, dans le sys­tème des retraites, les salles de rédac­tion et les pro­ces­sus de faillite ». Il met en lumière « l’incapacité à sou­mettre le mar­ché à des contrôles poli­tiques et à des conces­sions démo­cra­tiques » et que cela « a mis en péril la vie de mil­lions d’Américains ordi­naires tout en nui­sant à notre éco­no­mie et au bien com­mun ». (suite…)

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