Revue de réflexion politique et religieuse.

En librairie : numéro courant

Numé­ro 160 : Nou­velle emprise sur les masses

Dans les socié­tés occi­den­tales répu­tées avan­cées, l’administration des choses a depuis long­temps suc­cé­dé au gou­ver­ne­ment des hommes, ce que tra­duit com­mu­né­ment le terme de « gou­ver­nance », issu des sciences de ges­tion, pour dési­gner toute forme d’organisation pra­tique d’un groupe, notam­ment poli­tique, dis­qua­li­fiant toute inter­ro­ga­tion sur sa fina­li­té. Le gou­ver­ne­ment n’est ain­si consi­dé­ré qu’en tant que tech­nique per­met­tant d’obtenir, de la part de des­ti­na­taires, une exé­cu­tion qu’on ne qua­li­fie plus d’obéissance, à des mesures qui ne doivent plus être des actes d’autorité. L’évolution est aus­si ancienne que le saint-simo­nisme, mais les outils mis à dis­po­si­tion de la gou­ver­nance ne cessent de se per­fec­tion­ner.
Popu­la­ri­sée sur­tout après que l’un de ses prin­ci­paux concep­teurs, Richard H. Tha­ler, a obte­nu le prix Nobel en 1997, l’économie com­por­te­men­tale irrigue désor­mais for­te­ment les orga­ni­sa­tions publiques, y com­pris (et peut-être désor­mais sur­tout) de ce côté-ci de l’Atlantique.

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21 Jan 2025

Dom Giulio Meiattini : Décons­truc­tion de la famille. Un exemple de sophisme argu­men­ta­tif

Depuis quelque temps, le thème de la famille est au centre de dis­cus­sions et d’études, de contro­verses poli­tiques pas­sion­nées et d’informations dra­ma­tiques. Sur la vague de ces débats scien­ti­fiques et de ces études appro­fon­dies, de pres­sions cultu­relles, et sou­vent de mani­pu­la­tions média­tiques, l’affirmation selon laquelle il n’existe pas de type de famille unique ou natu­relle devient de plus en plus fré­quente, dans la mesure où les modèles de l’institution fami­liale, les images men­tales et les réa­li­sa­tions cultu­relles qui s’y rap­portent sont mul­tiples, à la fois dia­chro­niques et géo­gra­phi­que­ment syn­chrones, et conti­nuent de chan­ger, à un rythme accé­lé­ré, dans diverses par­ties du monde.

À par­tir de pré­misses empi­riques (four­nies par la socio­lo­gie, l’anthropologie cultu­relle, l’histoire), on conclut que les réa­li­tés dési­gnées chaque fois par le terme « famille » seraient tel­le­ment hété­ro­gènes que l’usage du sin­gu­lier pour les dési­gner serait inap­pro­prié. Seules des « familles », au plu­riel, exis­te­raient, ou encore ce que l’on appelle « famille », si l’on veut, se pré­sen­te­rait sous des formes si nom­breuses et si variées qu’il serait impos­sible de la réduire à une idée unique et de vali­di­té uni­ver­selle. (suite…)

19 Août 2024

Jacques Henry : Du pou­voir des entre­prises à la re-poli­ti­sa­tion de la cité

On a dit bien des choses sur les trois pou­voirs de Mon­tes­quieu. La plus impor­tante est peut-être qu’ils sont aujourd’hui à relé­guer au second rang. Ce sont les entre­prises qui façonnent et struc­turent nos socié­tés. Dans ce contexte, Soh­rab Ahma­ri signe un essai bien­ve­nu, Tyran­nie and Co. Les grandes entre­prises contre la liber­té[1]. Amé­ri­cain né en Iran, l’auteur « appar­tient à un milieu de pen­seurs catho­liques, cri­tiques des orien­ta­tions libé­rales du mou­ve­ment conser­va­teur, qui appellent à une appli­ca­tion actua­li­sée des prin­cipes de la doc­trine sociale catho­lique » (4e de cou­ver­ture). Son ouvrage vise un double objec­tif (p. 29) : mon­trer « com­ment nous avons per­du notre capa­ci­té à dis­cer­ner la tyran­nie pri­vée » et pro­po­ser une « grande visite de notre sys­tème, en mar­quant des arrêts dans les espaces de tra­vail, devant les contrats de tra­vail, au tri­bu­nal, dans les fonds d’investissement, dans le sys­tème des retraites, les salles de rédac­tion et les pro­ces­sus de faillite ». Il met en lumière « l’incapacité à sou­mettre le mar­ché à des contrôles poli­tiques et à des conces­sions démo­cra­tiques » et que cela « a mis en péril la vie de mil­lions d’Américains ordi­naires tout en nui­sant à notre éco­no­mie et au bien com­mun ». (suite…)

8 Juil 2024

Dom Giulio Meiattini : Autour des « formes litur­giques ». Quelques réflexions du car­di­nal New­man


La vie de l’Église, au cours des der­nières décen­nies, a été tra­ver­sée par un débat très intense sur le renou­vel­le­ment des « formes » : dans le lan­gage théo­lo­gique, dans la litur­gie, dans la pro­cla­ma­tion de l’Évangile, dans la manière de s’adresser au monde contem­po­rain. C’était d’ailleurs l’objectif prin­ci­pal que le pape Jean XXIII avait assi­gné au Concile Vati­can II, comme le pon­tife l’avait expri­mé dans le dis­cours d’ouverture de l’assemblée conci­liaire : « Ce qui inté­resse le plus le Concile, c’est que le dépôt sacré de la doc­trine chré­tienne soit conser­vé et ensei­gné sous une forme plus effi­cace. Car une chose est le dépôt de la foi, c’est-à-dire les véri­tés conte­nues dans notre véné­rable doc­trine, et une autre est la manière dont elles sont pro­cla­mées, mais tou­jours dans le même sens et la même signi­fi­ca­tion. […] Il fau­dra donc adop­ter la forme d’exposition qui cor­res­pond le mieux au Magis­tère, dont la nature est prin­ci­pa­le­ment pas­to­rale[1]. » (suite…)

29 Jan 2024

La Rédaction : Fran­çois Hou, Cha­pitres et socié­té en Révo­lu­tion (lec­ture)

L’histoire de la Révo­lu­tion ne déchaîne plus les dis­cus­sions pas­sion­nées d’il y a quelques décen­nies encore. D’aucuns y ver­ront les pro­grès, dans le public, d’une com­pré­hen­sion plus équa­nime de la période. Il nous cha­gri­ne­rait que ce soit plu­tôt l’ignorance qui fasse son œuvre. Car ce serait dom­mage : la période a encore beau­coup à nous apprendre. Témoin l’ou­vrage majeur*, tiré d’une thèse, écrite par un nor­ma­lien qui a sou­te­nu en 2019 à l’université Paris‑I sous la direc­tion de Phi­lippe Bou­try, spé­cia­liste de l’histoire reli­gieuse du XIXe siècle. L’auteur, Fran­çois Hou, a mené des recherches d’archives tita­nesques pour recons­ti­tuer le des­tin, avant et après la révo­lu­tion, des cha­noines d’une dou­zaine de dio­cèses fran­çais, choi­sis pour repré­sen­ter toute la diver­si­té de la France en termes de fer­veur, de socio­lo­gie, de poli­tique, etc.

La pre­mière par­tie recons­ti­tue tout le débat de l’époque autour de l’institution du cha­pitre, ce « sénat de l’Église » (Concile de Trente), « conseil-né » de l’évêque, qui n’en a pas moins un pou­voir monar­chique. La période consi­dé­rée est le moment d’un débat ecclé­sio­lo­gique majeur et de sa réso­lu­tion – thème qu’avait étu­dié, en son temps, l’abbé Plon­ge­ron. La rup­ture poli­tique vient radi­ca­li­ser les idées et sur­tout les for­cer à pas­ser à l’acte, c’est-à-dire à se confron­ter aux faits. (suite…)

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