Revue de réflexion politique et religieuse.

En librairie : numéro courant

Numé­ro 159 : Face à la sécu­la­ri­sa­tion

Il y a trois ans, le car­di­nal Jozef De Kesel, arche­vêque de Malines- Bruxelles, avait publié un livre inti­tu­lé Foi et reli­gion dans une socié­té moderne[1]. À la suite de quoi il fut notam­ment inter­ro­gé sur Radio Vati­can[2]. « C’est clair que dans une culture reli­gieuse chré­tienne, il n’y avait pas de vraie liber­té reli­gieuse. La foi n’est alors pas l’op­tion de la per­sonne, mais c’est la culture en tant que telle qui prend cette option. […] Donc la liber­té reli­gieuse, c’est un fruit de la moder­ni­té. » Le pro­pos est ver­bal et spon­ta­né, mais il tra­duit une concep­tion bana­li­sée depuis le début des temps conci­liaires : la civi­li­sa­tion chré­tienne, tant célé­brée dans les dis­cours pon­ti­fi­caux, n’ap­puyait pas la foi inté­rieure des croyants, elle ne for­mait qu’un car­can externe et trom­peur dont la pri­va­ti­sa­tion contem­po­raine de la reli­gion l’a libé­rée. Nous sommes main­te­nant à une année de la célé­bra­tion du cente­naire de l’en­cy­clique Quas pri­mas, de Pie XI, qui pro­cla­mait, face à un monde prêt à bas­cu­ler dans l’au­to­des­truc­tion, la pri­mau­té de la royau­té sociale du Christ. À l’é­poque, le milieu ecclé­sias­tique témoi­gnait contre le laï­cisme et ses consé­quences socio­po­li­tiques, et contre les tota­li­ta­rismes.

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La revue en ligne

19 Août 2024

Jacques Henry : Du pou­voir des entre­prises à la re-poli­ti­sa­tion de la cité

On a dit bien des choses sur les trois pou­voirs de Mon­tes­quieu. La plus impor­tante est peut-être qu’ils sont aujourd’hui à relé­guer au second rang. Ce sont les entre­prises qui façonnent et struc­turent nos socié­tés. Dans ce contexte, Soh­rab Ahma­ri signe un essai bien­ve­nu, Tyran­nie and Co. Les grandes entre­prises contre la liber­té[1]. Amé­ri­cain né en Iran, l’auteur « appar­tient à un milieu de pen­seurs catho­liques, cri­tiques des orien­ta­tions libé­rales du mou­ve­ment conser­va­teur, qui appellent à une appli­ca­tion actua­li­sée des prin­cipes de la doc­trine sociale catho­lique » (4e de cou­ver­ture). Son ouvrage vise un double objec­tif (p. 29) : mon­trer « com­ment nous avons per­du notre capa­ci­té à dis­cer­ner la tyran­nie pri­vée » et pro­po­ser une « grande visite de notre sys­tème, en mar­quant des arrêts dans les espaces de tra­vail, devant les contrats de tra­vail, au tri­bu­nal, dans les fonds d’investissement, dans le sys­tème des retraites, les salles de rédac­tion et les pro­ces­sus de faillite ». Il met en lumière « l’incapacité à sou­mettre le mar­ché à des contrôles poli­tiques et à des conces­sions démo­cra­tiques » et que cela « a mis en péril la vie de mil­lions d’Américains ordi­naires tout en nui­sant à notre éco­no­mie et au bien com­mun ». (suite…)

8 Juil 2024

Dom Giulio Meiattini : Autour des « formes litur­giques ». Quelques réflexions du car­di­nal New­man


La vie de l’Église, au cours des der­nières décen­nies, a été tra­ver­sée par un débat très intense sur le renou­vel­le­ment des « formes » : dans le lan­gage théo­lo­gique, dans la litur­gie, dans la pro­cla­ma­tion de l’Évangile, dans la manière de s’adresser au monde contem­po­rain. C’était d’ailleurs l’objectif prin­ci­pal que le pape Jean XXIII avait assi­gné au Concile Vati­can II, comme le pon­tife l’avait expri­mé dans le dis­cours d’ouverture de l’assemblée conci­liaire : « Ce qui inté­resse le plus le Concile, c’est que le dépôt sacré de la doc­trine chré­tienne soit conser­vé et ensei­gné sous une forme plus effi­cace. Car une chose est le dépôt de la foi, c’est-à-dire les véri­tés conte­nues dans notre véné­rable doc­trine, et une autre est la manière dont elles sont pro­cla­mées, mais tou­jours dans le même sens et la même signi­fi­ca­tion. […] Il fau­dra donc adop­ter la forme d’exposition qui cor­res­pond le mieux au Magis­tère, dont la nature est prin­ci­pa­le­ment pas­to­rale[1]. » (suite…)

29 Jan 2024

La Rédaction : Fran­çois Hou, Cha­pitres et socié­té en Révo­lu­tion (lec­ture)

L’histoire de la Révo­lu­tion ne déchaîne plus les dis­cus­sions pas­sion­nées d’il y a quelques décen­nies encore. D’aucuns y ver­ront les pro­grès, dans le public, d’une com­pré­hen­sion plus équa­nime de la période. Il nous cha­gri­ne­rait que ce soit plu­tôt l’ignorance qui fasse son œuvre. Car ce serait dom­mage : la période a encore beau­coup à nous apprendre. Témoin l’ou­vrage majeur*, tiré d’une thèse, écrite par un nor­ma­lien qui a sou­te­nu en 2019 à l’université Paris‑I sous la direc­tion de Phi­lippe Bou­try, spé­cia­liste de l’histoire reli­gieuse du XIXe siècle. L’auteur, Fran­çois Hou, a mené des recherches d’archives tita­nesques pour recons­ti­tuer le des­tin, avant et après la révo­lu­tion, des cha­noines d’une dou­zaine de dio­cèses fran­çais, choi­sis pour repré­sen­ter toute la diver­si­té de la France en termes de fer­veur, de socio­lo­gie, de poli­tique, etc.

La pre­mière par­tie recons­ti­tue tout le débat de l’époque autour de l’institution du cha­pitre, ce « sénat de l’Église » (Concile de Trente), « conseil-né » de l’évêque, qui n’en a pas moins un pou­voir monar­chique. La période consi­dé­rée est le moment d’un débat ecclé­sio­lo­gique majeur et de sa réso­lu­tion – thème qu’avait étu­dié, en son temps, l’abbé Plon­ge­ron. La rup­ture poli­tique vient radi­ca­li­ser les idées et sur­tout les for­cer à pas­ser à l’acte, c’est-à-dire à se confron­ter aux faits. (suite…)

13 Jan 2024

Père Serafino Maria Lanzetta : Le Synode et la méthode pas­to­rale (par­tie 3)

Avec la décla­ra­tion Fidu­cia sup­pli­cans (FS) du 18 décembre 2023, le Dicas­tère pour la Doc­trine de la Foi, avec une cer­taine pré­ci­pi­ta­tion par rap­port aux récents résul­tats du Synode, a deman­dé au pape Fran­çois, ex audien­tia, d’ap­prou­ver de nou­velles béné­dic­tions, créées ad hoc « pour les couples en situa­tion irré­gu­lière » et « pour les couples de même sexe ». Dans les deux cas l’ac­cent est mis sur le « couple ». Pour pla­cer cela au niveau du prin­cipe, et ain­si en jus­ti­fier mora­le­ment les actes, on tente de sépa­rer l’as­pect litur­gique de la béné­dic­tion d’un aspect anté­cé­dent, « théo­lo­gique » mais non rituel. Avec quels résul­tats ? (suite…)

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