Revue de réflexion politique et religieuse.

Che cos’è il poli­ti­co ?

Article publié le 19 Mar 2009 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Ces 96 pages d’entretien avec Gian Anto­nio Ramel­li sont d’une grande den­si­té, et aus­si d’une grande viva­ci­té, deux carac­té­ris­tiques du gambescia21socio­logue romain qui est aus­si notre col­la­bo­ra­teur. Les ques­tions fusent, les réponses plus encore, autour du constat que la poli­tique est étouf­fée par l’économie. La glo­ba­li­sa­tion, qui n’est autre que la ratio­na­li­sa­tion du capi­ta­lisme, consiste, dit Car­lo Gam­bes­cia, en une trans­for­ma­tion de la socié­té entière en grande entre­prise, dont les hommes ne sont que les fac­teurs de pro­duc­tion. Et si cette trans­for­ma­tion ne va pas jusqu’au bout, c’est tout sim­ple­ment qu’elle trouve sa limite dans le seuil de tolé­rance à par­tir duquel les gens se révol­te­raient. On dira que tout rame­ner au fac­teur éco­no­mique est exa­gé­ré, qu’il y a des aspects moraux, sociaux, cultu­rels, idéo­lo­giques… dans la crise du nihi­lisme actuel. Ce serait oublier la leçon d’Augusto Del Noce, dont notre ami est lec­teur atten­tif (cf. son Viag­gio al ter­mine dell’Occidente, Set­ti­mo Sigil­lo, 2007) : la libé­ra­tion huma­niste annon­cée au début du cycle de la moder­ni­té s’achève dans l’aliénation maté­rielle, par consé­quent la résorp­tion du poli­tique et du reli­gieux dans le mar­ché est dans la logique des choses. Mais elle n’est pas dans l’ordre des choses, et c’est pour­quoi la ques­tion se porte sur le fait de savoir com­ment en sor­tir. Le socio­logue – qui prend bien soin de sou­li­gner son indé­pen­dance d’esprit par rap­port à la socio­lo­gie  domes­ti­quée par le sys­tème – répond ici que les trans­for­ma­tions sociales n’ont rien d’automatique, qu’elles sont le fruit de la déci­sion poli­tique, et que celle-ci résulte de la volon­té et de l’acceptation du conflit. Il touche ain­si un point essen­tiel, qui concerne à la fois la claire concep­tion des buts, et l’organisation col­lec­tive cohé­rente. Or l’une et l’autre sont plon­gées dans la crise par le cou­rant même qu’il s’agit de contre­car­rer, à cause de la dis­so­lu­tion de la culture poli­tique, de l’individualisme et de l’affaiblissement de la force des sen­ti­ments (C. Gam­bes­cia rap­pelle, avec Soro­kin, que l’homme n’est pas un tis­su d’intérêts, mais qu’il a aus­si et sur­tout des pas­sions – celle, par exemple, de trans­mettre les biens supé­rieurs reçus). En pas­sant, de nom­breux thèmes sont abor­dés, trop vite évi­dem­ment faute d’espace. L’un d’eux est un peu plus déve­lop­pé (pp. 50–52) : la cri­tique du pré­ten­du « gram­scisme de droite », mon­trant le vide de cette for­mule ima­gi­naire qui pense que le pou­voir tom­be­ra comme un fruit mûr (tou­jours la fas­ci­na­tion du com­mu­nisme !) une fois l’animation sociale accom­plie (dans le sens de l’utopie de l’abolition du poli­tique). Une idée vaine, comme toutes celles que l’on pré­tend bonnes à sépa­rer de l’ensemble dont elles sont soli­daires.
« Pour­quoi ne pas appli­quer le “prin­cipe de pré­cau­tion” à la poli­tique, c’est-à-dire en pre­nant celle-ci au sérieux ? » Et pour com­men­cer, par en finir avec les demi-mesures et les for­mules illu­soires. Car­lo Gam­bes­cia constate qu’un « saint guer­rier » doit à la fois com­battre et prier, mais qu’il est dif­fi­cile à trou­ver aujourd’hui en Occi­dent, car « ou bien on y prie sans com­battre, ou on y com­bat sans avoir prié », et où les repères ne sont plus don­nés ni dans l’Eglise ni dans la Cité des hommes. Alors il reste à cher­cher dans les rues et sur les places à qui par­ler…

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