Revue de réflexion politique et religieuse.

Le mythe de l’Homme Nou­veau

Article publié le 14 Juil 2009 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

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Le thème de ce livre est l’homme nou­veau comme caté­go­rie fon­da­men­tale de l’his­toire des XIXe et XXe siècles et qui se pour­suit aujourd’hui. D’une façon sur­pre­nante, bien que soient très nom­breuses les men­tions et allu­sions à ce thème, il n’a presque pas été étu­dié comme tel de manière sys­té­ma­tique. Il s’a­git d’une figure qua­li­ta­ti­ve­ment très dif­fé­rente de l’i­déal de la per­fec­ti­bi­li­té humaine et du nou­vel homme des reli­gions, dans le cadre des­quelles cette caté­go­rie est légi­time.
Le cri­tère est le rem­pla­ce­ment du concept de ” condi­tion humaine”, qui pré­sup­pose que la nature humaine est quelque chose de stable, fixe, per­ma­nent, uni­ver­sel, par celle d’une nature humaine sup­po­sée trans­for­mable ou mode­lable par l’homme lui-même. D’autre part, cette sub­sti­tu­tion inter­vient dans le cadre d’une nou­velle reli­gion, la reli­gion sécu­lière. Celle-ci, en niant la dis­tinc­tion entre vie éter­nelle et vie tem­po­relle, réduit la vie à sa tem­po­ra­li­té et place sa foi dans la connais­sance. C’est cette reli­gion qui se pré­sente comme une alter­na­tive au chris­tia­nisme depuis la révo­lu­tion fran­çaise, même si elle s’op­pose en prin­cipe à toutes les reli­gions. Le concept de “reli­gion sécu­lière”, en tant que reli­gion spé­ci­fique, n’a pas fait l’objet de nom­breuses études métho­diques, bien que l’on se soit inté­res­sé aux diverses « athéo­lo­gies » aux­quelles il a don­né lieu, par exemple celle de Comte.
Mais ces athéo­lo­gies ne doivent pas non plus être confon­dues avec les athéo­lo­gies poli­tiques, même si elles aus­si sont pro­duites par la reli­gion sécu­lière – reli­gions poli­tiques ou reli­gions de la poli­tique – ni avec les idéo­lo­gies ou les bio-idéo­lo­gies. Bien que tous ces cou­rants repré­sentent autant de variantes de la reli­gion sécu­lière, ils cor­res­pondent à un même type de reli­gio­si­té, dont le mythe de l’homme nou­veau consti­tue la clé.

Ce livre est un essai, du point de vue de l’his­toire des idées, sur les pré­cé­dents his­to­riques du mythe de l’homme nou­veau, sur son actua­li­té et sur la reli­gion sécu­lière d’où il émane et qui en consti­tue le contexte. Le contrac­tua­lisme de Hobbes, avec son arti­fi­cia­lisme, celui de Rous­seau avec son mora­lisme et le nihi­lisme impli­cite de la phi­lo­so­phie de Kant ont intel­lec­tuel­le­ment pré­pa­ré l’ap­pa­ri­tion de la reli­gion sécu­lière et donc aus­si le mythe de l’homme nou­veau qui en découle.
Le livre s’intéresse éga­le­ment aux anté­cé­dents de ce mythe, qui appa­raissent depuis le Moyen Âge, et qui fruc­ti­fie­ront dans le contexte intel­lec­tuel pré­pa­ré par les pen­seurs qui viennent d’être cités, et d’autres plus secon­daires (de ce point de vue du moins). Le tour­nant se situe sous la révo­lu­tion fran­çaise. La poli­tique a alors com­men­cé à pré­va­loir sur la reli­gion et c’est alors que sont appa­rus en toute clar­té la reli­gion sécu­lière et le thème de l’homme nou­veau. Cepen­dant, c’est le Roman­tisme, avec ses uto­pies et ses idéo­lo­gies, qui a réel­le­ment com­men­cé à le mettre en œuvre.
Le mythe a pris un tour radi­cal quand le bio­lo­gisme, déri­vé du dar­wi­nisme, qui pen­sait déjà à un chan­ge­ment bio­lo­gique, s’est sub­sti­tué au méca­ni­cisme pré­cé­dent. Pour ce der­nier, la trans­for­ma­tion des struc­tures suf­fi­sait pour chan­ger la nature humaine. Mais avec l’a­po­gée de la bio­lo­gie, la poli­tique a com­men­cé à céder la place à la bio­po­li­tique et les bio-idéo­lo­gies ont rem­pla­cé à leur tour les idéo­lo­gies. Le natio­nal-socia­lisme a été déci­sif pour l’in­tro­duc­tion du point du point de vue bio­lo­gique dans la reli­gion sécu­lière.
La fin du livre reprend l’ensemble du sujet, pour ten­ter de faire res­sor­tir de quelle manière se pré­sente, en ce début de XXIe siècle, le mythe de l’homme nou­veau. Il s’intéresse, pour finir, à la bio-idéo­lo­gie dite « trans­hu­ma­niste », pour en sai­sir l’originalité propre.

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