L’éthique militaire et ses enjeux actuels
Comme l’avait souligné à juste titre Norberto Bobbio, « la guerre est sans doute un des faits les plus constants et les plus perturbateurs de l’histoire humaine ». Qu’elle soit présente aujourd’hui, comment en douter quand on voit le nombre de soldats engagés en Afghanistan, les morts qu’elle continue d’occasionner là et en Irak ? La France elle-même n’y échappe pas : sait-on par exemple que mi-2009, plus de 25 000 de ses soldats sont en opérations extérieures ou embarqués sur ses navires de guerre hors des eaux nationales ?
Et pourtant, après l’émotion relative à l’été 2008 avec la mort « inattendue » d’une dizaine d’hommes dans la vallée afghane de la Kapisa, le débat semble retombé. On s’accoutume aux morts, à peine mentionnés par les médias ; la question des moyens budgétaires de notre défense ne paraît pas se poser malgré l’étranglement des finances publiques ; les problèmes moraux et les conséquences sociales de notre participation croissante à des conflits dont les formes sont quand même particulières semblent peu nous intéresser. Faisant mentir Bobbio, la guerre ne serait-elle plus perturbatrice ? ou sommes-nous simplement anesthésiés, dans ce domaine comme en tant d’autres, par une société hédoniste et nombriliste qui a renoncé à la maîtrise de son destin ? […]