Symbolisme et liturgie
La perte du sens du symbole dont témoignent les formes liturgiques actuelles n’est pas récente. Elle est contemporaine de la naissance de la science moderne au début du XVIIe siècle. Encore faut-il souligner que cette naissance a été elle-même préparée dès la fin du XVe siècle par certaines impasses de la physique aristotélicienne qui, pour être évitées, réclamaient d’autres démarches épistémiques. Sa gestation séculaire s’est en outre accompagnée, dans l’ordre religieux, d’une « révolution spirituelle », oeuvre de Luther et de Calvin qui ne pouvait conduire qu’au divorce souhaité de la chair et de l’esprit. Ainsi se conjuguaient l’évolution des conceptions scientifiques et celle des conceptions théologiques : nonobstant tout ce qui les sépare, elles se rejoignent pour mettre en question le rapport de la nature et de la surnature, du cosmos et du thelos : le protestant Luther n’a pas moins désenchanté le monde que le catholique Galilée : les créatures sont réduites à leur pure naturalité, et Dieu et le divin sont restitués à leur pure transcendance.