Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : Les Jaco­bins, Net­chaïev et le léni­nisme

Article publié le 5 Jan 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Recueil d’articles et de textes de confé­rences publiés entre 2000 et 2008, le der­nier livre de Sté­phane Cour­tois consti­tue une explo­ra­tion de la pen­sée et de la logique des méca­nismes du tota­li­ta­risme, dont l’auteur attri­bue la pater­ni­té à Lénine. Avec pour défaut minime d’être par­fois répé­ti­tif, l’ouvrage nous entraîne, à tra­vers quatre par­ties consa­crées suc­ces­si­ve­ment à Lénine, à Sta­line, aux crimes du com­mu­nisme et à la mémoire du com­mu­nisme, à la redé­cou­verte d’un phé­no­mène sans équi­valent dont l’évocation sus­cite encore de si vio­lentes contro­verses tant la réa­li­té en reste lar­ge­ment occul­tée par l’effet d’un néga­tion­nisme ordi­naire.
L’évocation des figures des deux pre­miers diri­geants abso­lus de l’Union sovié­tique nous ren­seigne à la fois sur la pen­sée intime du pre­mier et sur la pater­ni­té légi­time qui l’unit au second. La soif de des­truc­tion de l’ordre (ancien) hon­ni paraît inex­tin­guible : aucune entrave à la dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat – la nou­velle classe à carac­tère uni­ver­sel – ne peut être tolé­rée. L’auteur rap­porte cet échange, à pro­pos de la déci­sion de « déco­sa­qui­sa­tion du Don » (1919) entre Lénine et un révo­lu­tion­naire modé­ré : «“A quoi bon un com­mis­sa­riat du peuple à la jus­tice ? Autant l’appeler com­mis­sa­riat du peuple à l’extermination sociale, et la cause sera enten­due”. [Lénine] lui répond “Excel­lente idée. C’est exac­te­ment comme cela que je vois la chose. Mal­heu­reu­se­ment on ne peut pas l’appeler ain­si” » (p. 128). Il appa­raît au fil des pages que la fureur révo­lu­tion­naire, la volon­té de des­truc­tion de la socié­té russe, de ses élites, de sa culture et de sa reli­gion se nour­rissent d’abord des res­sen­ti­ments per­son­nels d’un raté deve­nu génie du mal, capable de cap­ter les ardeurs les plus immondes de tous les déclas­sés pour les pro­je­ter contre ce monde qu’il hait de toute sa per­sonne, de toutes ses forces et de tous ses mots. […]

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