Guy Hermet, Bertrand Badie, Pierre Birnbaum, Philippe Braud : Dictionnaire de science politique et des institutions politiques
Etrangement les entrées « Politique » et « Science politique » sont absentes de ce dictionnaire ! Trois pleines pages pour « Administration publique », treize demi lignes pour « Gouvernement » : la proportion semble indiquer une filiation saint-simonienne. Certains articles ne définissent pas leur objet (« idéologie ») et d’autres sont empreints d’un irrationalisme désolant : « Droit naturel. Concept philosophique en vertu duquel il existerait des normes supérieures, opposables le cas échéant aux règles posées par la Loi positive. […] il s’agit d’une catégorie idéologique, au sens non péjoratif du terme, c’est-à-dire fondée sur des “représentations” morales et politiques de ce que doivent être les limitations au pouvoir de l’Etat, donc sur des croyances et non pas une réalité objective ». Autre « croyance » : la légitimité.
Comme la rédaction reste lissée pour ce manuel, il faut saisir au détour de quelque fin de paragraphe certaines notations plus piquantes, comme celle-ci, à propos de la « Gouvernance » : « Cette notion dont les défenseurs se targuent souvent d’introduire par son truchement un surcroît de démocratie évacue en réalité les principes de la souveraineté populaire, de la volonté générale et du bien commun »… (Le propos
rejoint celui de l’article « Démocratie », in fine). De même dans l’article « Principe de précaution », principe supplanté en pratique par le « développement durable […] sorte d’idéologie de substitution des grandes utopies sociales défaillantes ». Un instrument inégal, utile cependant, notamment comme tableau de l’indétermination du champ d’une science politique jamais réellement définie.