Revue de réflexion politique et religieuse.

Les céré­mo­nies extra­or­di­naires du catho­li­cisme baroque

Article publié le 10 Avr 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

La science de la litur­gie est plus sou­vent liée à ses sources et à ses réfé­rences écrites, à ses paroles, qu’à la connais­sance directe de sa pra­tique, dans la mesure aus­si où, depuis le Mou­ve­ment litur­gique, c’est sur­tout l’histoire des débuts du chris­tia­nisme qui est objet d’études, une his­toire qui dépend des ves­tiges archéo­lo­giques mais sur­tout des textes. La litur­gie est pour­tant aus­si un agir, un faire. Le rite est tout autant geste que parole.
Pour le Père Bouyer, dans Le rite et l’homme, heu­reu­se­ment récem­ment réédi­té (Cerf, 2009), c’est dans l’équilibre entre ces deux pôles que se situe la rec­ti­tude catho­lique : une parole sans geste relève, pour lui, du pro­tes­tan­tisme libé­ral et un geste sans parole offerte à l’intelligence appar­tient à la magie. L’accent mis sur l’écrit par la pen­sée litur­gique n’est pour­tant pas du seul res­sort d’une mou­vance du « pro­grès ». Il faut ain­si ajou­ter que, ini­tia­le­ment sur­tout, la réflexion née de la cri­tique des réformes catho­liques post­con­ci­liaires s’est éga­le­ment foca­li­sée sur les textes, sous l’angle ici de leur rec­ti­tude doc­tri­nale, lais­sant un peu de côté, jusque dans les années quatre-vingt-dix, la réa­li­té pro­pre­ment rituelle de la litur­gie. Dans les années soixante-dix, l’insistance mise sur le mis­sel de saint Pie V dans sa dimen­sion qua­si-édi­to­riale, sou­li­gnée par la réfé­rence à la bulle de pro­mul­ga­tion Quo pri­mum, peut être com­prise en ce sens. Du côté des sciences humaines, peu atti­rées en géné­ral par le culte catho­lique, quand les anthro­po­logues s’y aven­turent, ce sont sur­tout les para-litur­gies et les cultes popu­laires qu’ils inter­rogent, à l’instar des folk­lo­ristes. La « grande » litur­gie les sou­cie peu. Somme toute, il y a peu d’études de fond contem­po­raines sur le fait litur­gique [A l’exception sur­tout de la pers­pec­tive géné­rale des tra­vaux d’Alphonse Dupront et, notam­ment, de Mau­rice Gruau, L’homme rituel. Anthro­po­lo­gie du rituel catho­lique fran­çais. Essai d’une eth­no­lo­gie de l’intérieur, Métai­lié, 1999.].
C’est dire l’intérêt avec lequel on lit le beau et gros volume col­lec­tif diri­gé par Ber­nard Domp­nier, des­ti­né à « renou­ve­ler l’histoire du culte, long­temps can­ton­née dans les grands sémi­naires avant d’être à peu près tota­le­ment aban­don­née » (Intro­duc­tion, p. 11). […]

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