Revue de réflexion politique et religieuse.

Les Naza­réens fran­çais

Article publié le 10 Avr 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L es Naza­réens fran­çais de Michel Caf­fort est un « beau livre » dans tous les sens de cette expression1. Il com­prend un cahier de trente-deux repro­duc­tions en cou­leurs et plus de quatre-vingts images en noir et blanc dont le total donne une bonne idée d’un cou­rant impor­tant de la pein­ture fran­çaise et euro­péenne du XIXe siècle. Caf­fort éclaire d’ailleurs le conte­nu de ces oeuvres en s’appuyant sur une docu­men­ta­tion immense. Son lec­teur reçoit une édu­ca­tion com­plète en théo­lo­gie chré­tienne ; il pénètre dans l’univers de la sen­si­bi­li­té reli­gieuse catho­lique, du sym­bo­lisme des rites, de la prière comme rap­port à Dieu. Il découvre aus­si que les grandes véri­tés du chris­tia­nisme peuvent être trans­mises aus­si effi­ca­ce­ment par la pein­ture qui s’adresse aux yeux que par la parole qui s’adresse aux oreilles. Cer­tains pré­lats d’aujourd’hui (mais pas le Pape !) l’ont oublié, eux qui offrent les églises comme écrins du non-art et invitent les avo­cats de ce nihi­lisme à prê­cher le Carême à Notre-Dame, leur don­nant ain­si l’occasion de pro­fé­rer des insa­ni­tés blas­phé­ma­toires. Caf­fort nous décrit une époque bien dif­fé­rente où l’enseignement du Christ péné­trait dans les esprits en pas­sant par le coeur grâce aux arts en géné­ral et aux arts figu­ra­tifs en par­ti­cu­lier.
C’est que ceux-ci sont déjà par eux-mêmes une pen­sée reliée à la phi­lo­so­phie, à la poé­sie, à la reli­gion. Les nou­veau­tés qui appa­raissent au début du XIXe siècle ne peuvent être com­prises qu’inscrites dans leur contexte idéo­lo­gique, dans lequel s’enchevêtrent deux contra­dic­tions. La pre­mière est celle qui oppose les Lumières, avec leur ratio­na­lisme étroit et leur maté­ria­lisme athée, au renou­veau de la foi chré­tienne en réac­tion aux excès de la Révo­lu­tion fran­çaise. La seconde est la lutte entre le néo-clas­si­cisme et le roman­tisme. […]

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