Cardinal Henri de Lubac : Teilhard posthume. Réflexions et souvenirs précédé de Blondel – Teilhard de Chardin Correspondance
Le prix prohibitif de ce vingt-sixième tome des Oeuvres complètes d’H. de Lubac (430 p.) est sans doute inversement proportionnel au faible nombre de lecteurs attendus par l’éditeur. De présentation très confuse (enchevêtrement de textes et de notes dans la même typographie), l’ouvrage est surtout révélateur du style d’un théologien considéré comme tempéré : H. de Lubac se montre très polémique dans l’« apologie » de son fameux confrère, qui tient la seconde moitié de ce livre. Il s’en prend, souvent avec une ironie méprisante, aux détracteurs de Teilhard – entre autres, Jacques Ellul et Jean Brun –, les accusant de légèreté sinon de mauvaise foi ; il n’en écarte pas moins ceux qui préférèrent les ruptures radicales du progressisme aux envolées mystico-évolutionnistes. Le chapitre « Teilhard à Vatican II » est anecdotique mais fournit des détails parfois drôles, comme la teilhardophilie de l’abbé Richard, alors directeur de L’Homme nouveau. Le P. de Lubac déploie de grands efforts pour protester de l’orthodoxie du personnage. La première partie (qui rassemble des mémoires sur Teilhard adressés par Blondel au P. Valensin, ou par celui-ci à Teilhard, commentés par H. de Lubac) permet de constater que Blondel semblait plus dubitatif que lui devant les inférences grandioses du paléontologue jésuite : « A force de vouloir infuser le Christ dans notre effort […] il me semble que tantôt il cherche à se représenter cette immanence du surnaturel sous des traits trop physiquement imaginatifs, tantôt (et ce n’est plus seulement une forme de gnose) il actualise dans une sorte d’ontologie millénariste la divinisation phylogénique de l’Univers… » (19 décembre 1919).