Carl Schmitt : Cattolicesimo romano e forma politica
Ce petit texte, à peine soixante-dix pages de petit format, date de 1923. Il est ici accompagné d’un bref commentaire de Carlo Galli, professeur d’histoire des doctrines politiques à Bologne, qui en fait ressortir le caractère inattendu pour les lecteurs habitués à la transposition sécularisée des concepts chrétiens propre à l’auteur de la Théologie politique. Schmitt s’exprime ici contre les restes de l’anticatholicisme promu par le Kulturkampf. Style mis à part, on le trouve sur quelques points proche d’un Chesterton. Le catholicisme est attentif à la nature, hostile à la radicalité idéologique, il concilie raison et sentiment, liberté et organisation… Le juriste se montre fortement préoccupé par la mécanisation, comme certains de ses contemporains (penser à Jünger), mais aussi à la déchéance que représenterait une acceptation de celle-ci, et du système économique qui la porte, par le monde catholique : « Si l’Eglise avait accepté de n’être rien de plus que le pôle “animé” opposé au manque d’âme, elle aurait oublié ce qu’elle est, elle ne serait devenue en fait rien d’autre qu’un plaisant complément du capitalisme, un institut sanitaire pour calmer les douleurs de la libre concurrence, la détente dominicale, ou les vacances d’été de l’homme des métropoles ». Jugement prémonitoire assurément sur le danger de l’intégration fonctionnelle au désordre établi, particulièrement réel dans l’Allemagne d’aujourd’hui. […]