Jean-Jacques Jordi : Les Pieds-Noirs
« L’histoire n’est ni positive, ni négative, l’histoire est l’histoire, et bien hasardeux serait l’“historien” qui y chercherait une quelconque morale ». Jean-Jacques Jordi ne présente pas ici une histoire des « Pieds-Noirs », mais profite de quelques phrases-clichés servant de titre à chacun des chapitres de son ouvrage – par exemple « Pourquoi les aider ? Les Pieds-Noirs ont fait suer le burnous. Ils sont riches » ; « Les Pieds-Noirs étaient des fascistes », « Ils votent tous Front national », « Ils sont organisés en lobby », « Les Pieds-Noirs ont volé la terre des Arabes » –, pour mettre à la portée du public un certain nombre d’éléments historiques, hors de toute idéologie, étant entendu que le terme Pieds-Noirs est créé au cours des toutes dernières années de la guerre. L’auteur évoque en particulier les conditions de l’exode et de l’exil, le rejet massif par l’opinion publique et très concrètement le mépris le plus grand à l’arrivée des « rapatriés », les responsabilités du gouvernement français, la souffrance morale, le « reclassement » professionnel rapide (mais souvent avec déclassement et mutation profonde) dont l’effet est stimulant sur la croissance, la nature de l’aide apportée (ou non) par les pouvoirs publics, la « fortune » des Français d’Algérie, la diversité de leurs origines, la diversité de la « communauté » du point de vue politique… Pour finir, il plaide pour un abandon des mythes et des imaginaires, des « politiques dites mémorielles », et pour une replongée dans les archives avec un croisement des sources afin de parvenir à une « analyse historique sans glorification ni diabolisation », sans considérer les faits hors de leur contexte et donc les tordre comme bien souvent sur cette période. […]