Victor Serge : L’Affaire Toulaev. Un roman révolutionnaire
Réédition d’un « classique » de la littérature trotskiste, complété d’une préface de Susan Sontag. Celle-ci permet notamment de connaître plus en profondeur le parcours de Victor Serge (de son vrai nom Victor Napoléon Lvovitch Kibaltchitch), anarchiste puis membre du parti communiste, et par la suite soutien critique de la IVe Internationale, qui devait finir sa vie au Mexique en 1947, après avoir été condamné au goulag, et expulsé à la suite d’une campagne internationale en sa faveur. Publié peu après sa mort, ce roman, malgré quelques dissonantes légèretés, forme une dénonciation des purges aveugles. Il débute par le portrait d’un banal individu, Romachkine, qui souffre de ne plus pouvoir s’exprimer librement, et qui se prend à rêver d’assassiner le chef moustachu cause de cette situation. Ne réussissant pas à passer à l’acte, malgré l’occasion qui s’offre à lui, il donne son pistolet à un ami, Kostia, qui assassine, par hasard, un homme, dont il connaît vaguement le nom : Toulaev. Celui-ci s’avère être un haut fonctionnaire du Parti que Kostia déteste en raison de sa réforme de l’université : « Seul, ignoré du monde, ignorant moi-même l’instant précédent ce que j’allais faire, j’ai tiré sur le camarade Toulaev que je détestais sans le connaître depuis l’épuration des écoles supérieures », écrit-il, sans se nommer, dans une lettre qu’il adresse à Fleischmann, l’un des protagonistes de l’épuration. L’histoire se trouve désormais déterminée par cet épisode : la machine de répression se met en branle, il s’agit de trouver le meurtrier. […]