Lecture : Holisme et individualisme méthodologique
Si l’on veut présenter de manière synthétique l’histoire de la sociologie, on pourrait dire qu’elle se divise en deux grandes approches : l’approche holiste, qui comprend la société comme un tout dont l’individu est une partie et duquel celui-ci dépend ; l’approche individualiste, qui étudie la société comme une addition d’individus, ceux-ci pré-existant à la société. Si l’on poursuit cette esquisse en associant des noms à ces approches, on dira que la vision de Comte et de Durkheim est holiste tandis que celle de Simmel et Weber est individualiste, étant entendu qu’il s’agit d’une vision simplifiée des choses qu’il faudrait largement nuancer au regard des écrits de ces grands penseurs de la société. Ces deux approches paraissent exclure – parce qu’elles sont comprises dans une perspective immanentiste – la possibilité de placer avec profit la dialectique entre individualisme et holisme sur un plan ultérieur, si l’on peut dire, intégral et transcendant. On doit cependant dire que l’approche holiste, plus que l’individualiste, semble offrir une plus grande ouverture, même si ce n’est pas en termes de certitude absolue, à une sociologie intégrale capable de porter attention à la transcendance, comme l’ont montré dans le passé quelques tentatives d’élaboration d’une sociologie ouverte sur le surnaturel. La pensée sociologique contemporaine est pour sa part largement dominée par une approche individualiste, promue par les représentants des sciences sociales sous le nom d’« individualisme méthodologique ». […]