Revue de réflexion politique et religieuse.

Karl Rah­ner : une ana­lyse cri­tique

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Un col­loque sur Karl Rah­ner s’est tenu à Flo­rence les 22 et 23 novembre 2007, orga­ni­sé par les Fran­cis­cains de l’Immaculée, que l’on ne peut que féli­ci­ter pour une telle ini­tia­tive visant à étu­dier la pen­sée d’un auteur qui, mal­heu­reu­se­ment, a exer­cé et a encore une influence signi­fi­ca­tive sur tant de membres de l’Eglise. Les actes de ce col­loque sont parus à la fin de l’année der­nière sous le titre Karl Rah­ner, un’analisi cri­ti­ca. Une étude cri­tique sérieuse de son oeuvre nous semble effec­ti­ve­ment l’une des étapes néces­saires pour aider l’Eglise à sor­tir de la crise dans laquelle elle se trouve depuis plus de qua­rante ans, à laquelle le théo­lo­gien alle­mand n’a pas peu contri­bué.
Pour mener une telle ana­lyse, il nous faut par­tir, comme le font la plu­part des inter­ve­nants de ce col­loque, des pré­sup­po­sés phi­lo­so­phiques. Dans sa brève mais sub­stan­tielle pré­sen­ta­tion, Anto­nio Livi (Uni­ver­si­té du Latran) démontre en effet que Rah­ner ne pro­cède pas vrai­ment comme un théo­lo­gien mais en réa­li­té comme un phi­lo­sophe, et un phi­lo­sophe néo-kan­tien (« La méthode théo­lo­gique de Karl Rah­ner : une cri­tique du point de vue épis­té­mo­lo­gique »). La connais­sance trans­cen­dan­tale dont il parle ne pro­vient pas de l’expérience externe du sujet mais elle est cen­sée être atteinte a prio­ri par lui. Pour Ales­san­dro M. Apol­lo­nio (rec­teur du sémi­naire des Fran­cis­cains de l’Immaculée), dans ses « Réflexions cri­tiques sur la mario­lo­gie de Karl Rah­ner », le jésuite alle­mand réa­lise une syn­thèse de tout l’immanentisme moderne. Il démontre de quelle manière Rah­ner réa­lise une inver­sion de l’affirmation réa­liste nihil in intel­lec­tu nisi prius in sen­su [rien dans l’intellect qui ne soit préa­la­ble­ment dans les sens], com­pro­met­tant la pos­si­bi­li­té, en tant que tel, d’un acte de foi rai­son­nable éta­bli sur des signes réels. La pos­ture gnos­tique du jésuite le conduit à un idéa­lisme qui se conjugue à un onto­lo­gisme, comme le démontre Man­fred Hauke, pro­fes­seur de théo­lo­gie à Aug­sbourg et Luga­no (« Karl Rah­ner dans la cri­tique de Leo Scheffc­zyk »). Selon la théo­lo­gie trans­cen­dan­tale, rien ne peut entrer en l’homme de l’extérieur qui ne se trouve aupa­ra­vant impli­ci­te­ment ins­crit en lui. La consé­quence de cette posi­tion gnos­tique consiste dans l’affirmation que la révé­la­tion du Christ ne fait que rendre expli­cite ce qui se trou­vait déjà impli­ci­te­ment dans l’homme. Hans Chris­tian Schmid­baur (Luga­no) explique de son côté de quelle manière la pos­ture phi­lo­so­phique de Rah­ner entre de manière fron­tale en col­li­sion avec le conte­nu d’une reli­gion soté­rio­lo­gique dans laquelle le salut se déroule dans l’histoire humaine (« Théo­lo­gie ascen­dante ou théo­lo­gie des­cen­dante : J. Rat­zin­ger et H. U. von Bal­tha­sar face à Karl Rah­ner »). Le fon­de­ment phi­lo­so­phique de la pen­sée de Karl Rah­ner est donc gra­ve­ment vicié par son point de départ erro­né. […]

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