Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : L’égolâtre exter­mi­na­teur

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Vincent Peillon, dans un récent ouvrage, entend appor­ter un éclai­rage nou­veau à la ques­tion reli­gieuse dans la Répu­blique. Ce fai­sant, il lève un coin du voile sur un culte fina­le­ment mécon­nu et qui consti­tue le ver­so de l’idéologie laïque. Il est vrai que les séides de cette der­nière se sont tou­jours, ou presque, atta­chés à nier, dans son triomphe même, son carac­tère reli­gieux.
Il est donc bon qu’un homme poli­tique socia­liste vienne rap­pe­ler que tout homme a, avouée ou inavouée, une reli­gion, et rende com­pré­hen­sible la sienne, faci­li­tant ain­si, pour ceux qui le veulent bien, le choix de leur camp. Com­men­çons par la fin, car c’est en conclu­sion de son ouvrage que l’auteur pose une défi­ni­tion ferme de la reli­gion laïque : « Com­prise […] dans la réa­li­té de son ins­tau­ra­tion, la laï­ci­té appa­raît pour ce qu’elle est : non pas une simple tolé­rance, une simple neu­tra­li­té, un simple juri­disme, mais, comme reli­gion recher­chée par la Révo­lu­tion, une doc­trine à la fois phi­lo­so­phique, morale, poli­tique, péda­go­gique et reli­gieuse pré­cise et déter­mi­née » (p. 278). Nous par­ti­rons de cette défi­ni­tion pour explo­rer la pen­sée de l’auteur et ten­ter de lui res­ti­tuer son sens pro­fond, qui va au-delà de ses seules pro­po­si­tions et dont nous ver­rons en fin d’article à quel point et pour­quoi elles sont inco­hé­rentes. Signa­lons d’emblée que le lec­teur recher­che­ra vai­ne­ment dans l’ouvrage les élé­ments d’une doc­trine « pré­cise et déter­mi­née ». Il pour­ra en revanche appré­cier à loi­sir le carac­tère glo­ba­liste de cette « reli­gion pour la Répu­blique », autre­ment dit sa nature tota­li­taire.
Le sous-titre de l’ouvrage – La foi laïque de Fer­di­nand Buis­son – ne doit pas trom­per : l’auteur fait siennes les pen­sées du grand ancien autant qu’il l’invoque pour jus­ti­fier sa coquette hété­ro­doxie, ou ce qu’il vou­drait faire pas­ser pour telle, voire même pour camou­fler sous quelques couches d’histoire et d’abstractions nébu­leuses ce qu’il montre sans mon­trer. Car ain­si se livre le phi­lo­sophe tech­no­crate, disant sans vrai­ment dire, dépas­sant sans fin sa propre pen­sée. […]

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