Revue de réflexion politique et religieuse.

Trois ans après

Article publié le 4 Juil 2010 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Dans la lettre accom­pa­gnant la pro­mul­ga­tion du motu pro­prio Sum­mo­rum Pon­ti­fi­cum, adres­sée aux évêques mais ren­due publique le 7 juillet 2007, Benoît XVI éta­blis­sait une période de trois ans, au terme de laquelle une éva­lua­tion devrait lui être envoyée quant à la mise en oeuvre des normes de ce motu pro­prio, ou plus exac­te­ment quant aux « expé­riences » dans les dio­cèses. Men­tion spé­ciale était faite d’éventuelles « sérieuses dif­fi­cul­tés ». Voi­là qui nous place à l’automne de cette année 2010.
Par­mi ces « sérieuses dif­fi­cul­tés », il y a peu de chance qu’on en men­tionne une, qui est l’opposition au mis­sel tri­den­tin. Pour­tant, elle existe, et le motu pro­prio l’a réac­ti­vée sous une forme expli­cite, notam­ment dans des publi­ca­tions ou des confé­rences. Ces prises de posi­tions, loin d’être iso­lées, témoignent de ce que l’on pour­rait qua­li­fier d’éthos litur­gique, théo­lo­gique, intel­lec­tuel assez répan­du qui, fron­ta­le­ment ou non, s’oppose au mis­sel tri­den­tin et, par voie de consé­quence, aux normes qui assurent et encadrent son retour en grâce dans la pra­tique rituelle de l’Eglise. C’est cette « sérieuse dif­fi­cul­té » que le pré­sent article entend par­tiel­le­ment éclai­rer.

Un pre­mier point com­mun d’un cer­tain nombre d’ouvrages de vul­ga­ri­sa­tion est l’insistance sur la rup­ture avec un pas­sé où l’on assis­tait à la messe et un pré­sent où l’on par­ti­cipe à la célé­bra­tion eucha­ris­tique. Les plus his­to­riens notent que cette notion de par­ti­ci­pa­tion occupe les docu­ments magis­té­riels depuis, au moins, saint Pie X ; tous affirment que, quoi qu’il en soit de l’histoire, c’est au mis­sel pro­mul­gué par Paul VI que revient d’avoir fait entrer dans les moeurs ordi­naires des assem­blées domi­ni­cales cette par­ti­ci­pa­tion active, celle-ci trou­vant en défi­ni­tive son fon­de­ment dans la pro­mo­tion qu’aurait fait le concile Vati­can II du sacer­doce com­mun des bap­ti­sés, le sacer­doce minis­té­riel – prêtres et diacres – étant au ser­vice de celui-ci et assu­rant une pré­si­dence au sein de l’assemblée célé­brante. L’accent majeur est donc por­té sur la com­mu­nau­té. On rejoint ici la pro­po­si­tion faite par le père Cas­sin­ge­na-Tre­ve­dy de voir dans le nou­vel ordo l’expression d’une tra­di­tion « sociale » de l’Eucharistie, d’une « ecclé­sio­lo­gie “sociale”, com­mu­nau­taire et minis­té­rielle », qu’il trouve chez saint Augus­tin, de Lubac, etc. […]

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