Entre perplexité et fuite en avant. L’Union européenne face à la crise
Le système d’organisation du monde, qu’il soit d’ordre économique, financier ou institutionnel, vit en crise structurelle, qui pourrait le nier ? De plus, les éléments qui nourrissent cette crise, en réalité en germe depuis au moins des décennies, sont à situer aux échelles nationales et régionales et atteignent plus précisément la culture, l’identité des peuples concernés, c’est-à-dire des réalités intellectuelles, morales et spirituelles. A cette crise longue et structurelle s’ajoute, avec beaucoup d’évidence, l’incapacité des gouvernants à y répondre avec les outils politiques et institutionnels qu’ils ont imposés comme modèles supposés indépassables et définitifs.
Nous pourrions même émettre l’hypothèse que la crise, inhérente au système moderne tardif et donc s’inscrivant dans le long terme, ne s’est présentée comme sujet de préoccupation de grande acuité que parce qu’elle est devenue maintenant visible et impossible à occulter plus longtemps au plus grand nombre. Pour évoquer ses derniers avatars, peut-on, par exemple, se contenter de l’explication officielle selon laquelle la crise financière récente ne reposerait que sur la disparition de la confiance provoquée par les doutes sur les produits financiers « pourris », qualifiés ainsi outre-Atlantique, et entraînant les faillites bancaires en cascade ? Si ce fait est bien avéré, il n’est cependant que l’ultime élément d’une situation de crise systémique affectant les conditions de la mondialisation économique et financière. Mais les conséquences les plus spectaculaires ne doivent pas masquer les causes profondes qui les ont entraînées. […]