La mondialisation peut-elle cesser ?
CATHOLICA — Dans 2030, la fin de la mondialisation, vous évoquez plusieurs scénarios futurs liés à ce que l’on pourrait appeler les limites ultimes de la mondialisation. Pourriez-vous revenir sur ce point et à partir de là nous donner des éléments quant à la position de l’Europe et notamment de la France dans cette perspective ?
Hervé Coutau-Bégarie — L’idée fondamentale de la mondialisation, c’est que l’accroissement des échanges doit être profitable à tous. C’est le triomphe et l’aboutissement de la vieille théorie libérale des avantages comparatifs qui se vérifie dans une large mesure, le monde connaissant depuis la seconde guerre mondiale une période de croissance globalement continue, avec des résultats impressionnants.
L’ancienne opposition entre les pays développés et le tiers monde est devenue caduque. Nous assistons à un véritable développement de l’Asie et l’Amérique latine, avec des centaines de millions de personnes qui sortent de la pauvreté et accèdent désormais à la consommation. Il s’agit d’une classe moyenne qui représente des marchés importants et qui a tendance à s’accroître. La vie aujourd’hui dans ces pays est moins difficile pour les classes laborieuses qu’elle ne l’était dans les villes industrielles d’Europe au XIXe siècle. Il y a donc un progrès matériel incontestable. Mais on sait aussi que ce progrès matériel est inégalement réparti et, bien que le plus grand nombre en profite, il y a, à cause de la révolution de l’information, une perception croissante des inégalités que la mondialisation engendre. […]