Démocratie représentative et démocratie participative
En Allemagne, les journalistes et les sociologues du politique évoquent la fin d’une époque de confiance envers le monde politique, une prise de distance croissante des citoyens à son égard, une détermination nouvelle des classes moyennes à descendre dans la rue pour protester contre la politique gouvernementale. Les projets qui font l’objet de contestations sont variés : construction d’une gare en Bade-Wurtemberg, cimetière à déchets nucléaires en Basse-Saxe, terrain militaire d’entraînement au largage de bombes en Brandebourg, réforme scolaire dans le land de Hambourg, aéroport à Berlin et, dans de multiples lieux, construction de rues et de voies de chemin de fer, de gazoducs et de lignes électriques. Et de manière emblématique, le projet appelé Stuttgart 21, ou S21.
Ce n’est pas un hasard si pour traiter l’agitation qui s’est manifestée ces derniers mois dans les rues allemandes, le Spiegel a retenu pour titre « La Contre-République ». Ce titre on ne peut plus clair suscite un certain nombre de questions, par exemple sur le caractère contraignant des processus de décision institutionnalisés, l’origine Sociale des contestataires actuels par rapport à ceux des mouvements de révolte des années soixante, le lien entre bien commun et intérêts de groupe, la réputation et la fiabilité des hommes politiques, les taux de participation, les intentions de vote et leur évolution en fonction des agitations ou encore la question du danger, réel ou avéré, que la vague de protestation ferait subir à la modernisation du pays. Derrière toutes ces questions se profile celle de l’existence de la forme représentative de la démocratie. […]