La démocratie toujours recommencée, ou le vrai rocher de Sisyphe
Gouverner dans une démocratie en Occident semble aujourd’hui de plus en plus une chose bien singulière. D’un côté une partie ou une autre de la population descend à tout instant dans la rue pour manifester sa désapprobation à l’égard des chefs qu’en principe elle s’est elle-même donnés, tandis que ces derniers, s’abreuvant de sondages et de renseignements généraux, se montrent de plus en plus enclins à suivre les troupes dont ils sont supposés être les chefs. De l’autre, la même population s’agenouille, au moins pour un temps, devant des hommes politiques devenus soudain des messies, alors que, certains de ne pas l’être pour longtemps, ces derniers jouent les satrapes et songent de moins en moins à cacher qu’ils entendent d’abord profiter de leur élection pour être réélus ou pour accroître leur fortune.
La démocratie semble bien malade, cependant il est clair qu’aux yeux du plus grand nombre, il est impensable de juger la maladie incurable et criminel de la juger congénitale : les citoyens paraissent aussi mécontents du système qu’acharnés à le défendre. Peut-on expliquer la contradiction ?
Son origine est je crois dans le principe même du régime démocratique, qui est celui de la souveraineté du peuple. […]