Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : Vico, pré­cur­seur du struc­tu­ra­lisme ?

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Giam­bat­tis­ta Vico annon­çait-il le struc­tu­ra­lisme ? Peut-il être asso­cié à un cou­rant qui déi­fie les struc­tures en ne lais­sant aucune place à l’homme, dont le der­nier ava­tar est la théo­rie de la « méga­ma­chine » de Serge Latouche1 ? Le struc­tu­ra­lisme consi­dère la liber­té comme quelque chose d’optionnel : si la struc­ture (ou « méga­ma­chine ») la « pro­duit », c’est tant mieux ; si ce n’est pas le cas, l’histoire sera faite par les struc­tures et par leur force propre. De manière auto­ma­tique, le chan­ge­ment his­to­rique est inté­gré à une conti­nui­té struc­tu­relle et sys­té­mique dans laquelle le pas­sé, le pré­sent et l’avenir se mélangent comme dans la fameuse nuit hégé­lienne. Il s’agit d’une approche que l’on retrouve de manière récur­rente dans les dif­fé­rents cou­rants struc­tu­ra­listes : de la nou­velle his­toire de Brau­del au néo-mar­xisme d’Althusser et au néo-freu­disme de Lacan ; de « l’archéologie du savoir » de Fou­cault à l’ethnologie struc­tu­relle de Claude Lévi-Strauss, sans oublier la théo­rie des catas­trophes de René Thom fon­dée sur l’idée d’un chaos mathé­ma­tique ordon­né.

A tout ceci nous pou­vons réflé­chir en lisant l’intéressant ouvrage de Ste­fa­no De Rosa, Vico pré­cur­seur de la nou­velle his­toire. Dans les faits, l’auteur, cher­cheur sur des thèmes socio-his­to­riques, consi­dère ouver­te­ment la pen­sée de Vico comme struc­tu­ra­liste. Lais­sons lui quelques ins­tants la parole : « Dans cette recherche est exa­mi­née l’influence que les études de Vico ont eue sur deux écoles pres­ti­gieuses et fai­sant auto­ri­té au XXe siècle, les Annales et la Théo­rie des catas­trophes […] C’est pré­ci­sé­ment le temps qui consti­tue le fac­teur com­mun à des études et des expé­riences métho­do­lo­giques qui ne sont dis­tantes qu’en appa­rence : le temps qui va de la longue durée brau­dé­lienne à l’histoire de l’imaginaire et des men­ta­li­tés, cen­trale dans les études menées par les Annales et par la nou­velle his­toire ; le pas­sage d’une per­cep­tion de la dis­con­ti­nui­té de temps, de l’espace et des formes, objet d’analyse par les tenants de la Théo­rie des catas­trophes, à la concep­tion du temps rete­nue par Vico qui y asso­cie des élé­ments psy­cho­lo­giques et col­lec­tifs, en pas­sant par l’irruption du temps vu au prisme de l’histoire et de ses dif­fé­rentes “vitesses” et “sauts” au cours du pro­ces­sus de civi­li­sa­tion de l’humanité » (p.9). […]

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