Lecture : Zizek, marxiste pop ou chrétien anonyme ?
Philosophe slovène d’expression anglaise, né en 1949, Slavoj Žižek n’en est pas moins francophone à ses heures, et brillamment, puisqu’il a soutenu une thèse de doctorat en psychanalyse à l’Université Paris VIII, devant Jacques Alain Miller, gendre et héritier de Jacques Lacan.
Cet hégélien postmarxiste publiait en 1988 son premier livre traduit en français, intitulé Le plus sublime des hystériques. Hegel passe. C’est sous le signe d’une certaine irrévérence, en effet, que le jeune trentenaire de l’époque construisait une pensée dont progressivement la liberté, l’humour et la séduction assurent à travers plus de vingt titres à ce jour la diffusion auprès d’un public spécialisé mais croissant.
Žižek reste, de fait, peu connu du grand public : sa faconde reste élitiste, et diffi cile d’accès. Si l’on considère la complexité propre à la dialectique hégélienne dans l’analyse des situations historiques concrètes, et l’exploitation qu’une lecture lacanienne est susceptible de proposer du savoir préalablement synthétisé, on peut être tenté de jeter l’éponge. Ce serait dommage, car ce grand cinéphile a le sens de l’illustration par l’image. Divers emprunts au patrimoine cinématographique, notamment aux films d’Hitchcock, Kieslowski, Tarkovski et Lynch rendent accessibles son langage et ses intuitions. […]