Revue de réflexion politique et religieuse.

L’en­sei­gne­ment des véri­tés de la foi peut-il être anti­dog­ma­tique ?

Article publié le 5 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Dieu change-t-il en caté­chèse ? Cette ques­tion ne fit pas seule­ment le titre d’un article qui assu­mait ce chan­ge­ment, mais taraude depuis quelques décen­nies main­te­nant un cer­tain nombre de familles, de caté­chistes, plus lar­ge­ment de chré­tiens sou­cieux de la trans­mis­sion de la foi en son inté­gri­té. Nous avions ren­du compte dans un pré­cé­dent article de la der­nière étape de cette évo­lu­tion, qu’est le Texte natio­nal pour l’orientation de la caté­chèse en France publié en 2006 par la Confé­rence des évêques de France. La paru­tion récente d’un livre de Joël Moli­na­rio donne l’occasion de reve­nir sur quelques aspects pro­blé­ma­tiques des der­nières décen­nies avec les­quels le Textenationaln’a pas ou peu rom­pu. Certes, on ne sau­rait consi­dé­rer que l’opinion pri­vée d’un auteur s’impose comme la grille de lec­ture d’un docu­ment offi ciel, dont il n’est même pas un des rédac­teurs ; tou­te­fois, sa qua­li­té, entre autres maître de confé­rences au Theologicum–Faculté de Théo­lo­gie et de Sciences reli­gieuses de l’Institut catho­lique de Paris –, for­ma­teur au Centre régio­nal de for­ma­tion péda­go­gique (CRFP – for­ma­tion chré­tienne et recherche) laisse augu­rer d’une parole auto­ri­sée qui influen­ce­ra une part non négli­geable des orien­ta­tions et des pra­tiques qui se reven­di­que­ront du docu­ment épis­co­pal. Quels sont ces aspects pro­blé­ma­tiques que l’ouvrage de Joël Moli­na­rio met par­ti­cu­liè­re­ment en exergue à tra­vers son ana­lyse his­to­rique et théo­lo­gique de la condam­na­tion du caté­chisme pro­gres­sif en 1957 ?
Rap­pe­lons tout d’abord la trame géné­rale des évé­ne­ments, sur laquelle se posent son éva­lua­tion et sa réflexion. En sep­tembre 1957, le Saint-Office émit, en direc­tion de l’Eglise de France, un avis for­te­ment néga­tif sur ce que l’on appe­la alors, et conti­nue d’appeler, le caté­chisme pro­gres­sif, en fait une série de tra­vaux théo­riques, de docu­ments péda­go­giques et de pra­tiques caté­chis­tiques, qui, pour divers qu’ils fussent, avaient tous pour objec­tif de renou­ve­ler pro­fon­dé­ment l’enseignement du caté­chisme et se trou­vaient sous la res­pon­sa­bi­li­té, au moins le regard du Centre natio­nal caté­chis­tique. Cet avis romain, même s’il consis­tait en une demande impé­ra­tive de rec­ti­fi­ca­tions dans un cer­tain nombre de docu­ments, et par là n’interdisait ni tous les tra­vaux ni toutes les ini­tia­tives, son­na comme une condam­na­tion d’ensemble, ce que sem­blèrent confir­mer les démis­sions, quelques mois plus tard, du père Joseph Colomb et de Mgr de Pro­ven­chères, jusqu’alors direc­teur du Centre natio­nal caté­chis­tique et pré­sident de la Com­mis­sion épis­co­pale de l’enseignement reli­gieux. Les prêtres ouvriers inter­dits et les théo­lo­giens de la Nou­velle Théo­lo­gie dont l’enseignement avait été res­treint, parais­saient – du moins cer­tains l’affirmèrent – accueillir en leurs rangs d’incompris ou de parias les arti­sans de ce renou­veau, dont l’écartement signa­lait à nou­veau le fos­sé qui se creu­sait entre cer­tains milieux de l’Eglise de France et une Curie romaine qui se cachait, agis­sante mais rigi­di­fiée, der­rière le pon­tife vieillis­sant qu’était alors Pie XII. […]

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