Revue de réflexion politique et religieuse.

Alice Fer­ney : Pas­sé sous silence

Article publié le 6 Fév 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Deux por­traits bros­sés avec un talent incon­tes­table, tel­le­ment trans­pa­rents que l’on se demande pour­quoi l’auteur s’est cru obli­gé de les tra­ves­tir. Le pre­mier, celui d’un cer­tain géné­ral et homme d’Etat tour à tour adu­lé par des foules en liesse, puis replié dans l’ombre, avant l’ovation presque una­nime d’un retour savam­ment orches­tré sur la scène poli­tique. Un homme imbu de lui-même (« Il ne dou­tait pas de sa gran­deur. […] Le cynisme
du héros attei­gnait par­fois les lisières de l’insupportable »), emprun­tant, le temps de ce roman, le nom de Jean de Grand­ber­ger, De Gaulle évi­dem­ment. Le deuxième, celui du colo­nel Jean Bas­tien-Thi­ry, alias Paul Dona­dieu. Un ano­nyme de plus dans la foule des admi­ra­teurs incon­di­tion­nels du pré­cé­dent.  Incon­di­tion­nel ? Jusqu’à ce qu’une réa­li­té se dévoi­lant chaque jour un peu plus dure­ment lui fasse choi­sir un autre camp. Car l’évidence appa­raît en effet bien­tôt en pleine lumière : le géné­ral rede­ve­nu chef de l’Etat « n’avait pas hési­té à trom­per le monde pour satis­faire son ambi­tion », il se par­jure, reniant la parole don­née à tout un peuple, avec ses hor­ribles consé­quences. C’est pré­ci­sé­ment cette souf­france impo­sée que Paul Dona­dieu ne pour­ra sup­por­ter. […]

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