Revue de réflexion politique et religieuse.

Exi­gence de véri­té et métho­do­lo­gie

Article publié le 3 Avr 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le débat récem­ment ouvert autour de la publi­ca­tion de deux ouvrages, l’un his­to­rique (Rober­to de Mat­tei, Il conci­lio Vati­ca­no II. Una sto­ria mai scrit­ta, Lin­dau, Turin, 2010), l’autre théo­lo­gique (Bru­ne­ro Ghe­rar­di­ni, Quod et tra­di­di vobis. La tra­di­zione vita e gio­vi­nez­za del­la Chie­sa, Casa Maria­na, Fri­gen­to, 2010), a fait émer­ger – au-delà de la diver­si­té des appré­cia­tions – un pro­blème cen­tral. Il s’agit de la ques­tion de savoir ce qui fonde le juge­ment, quelles sont les caté­go­ries intel­lec­tuelles qui le régissent, lui servent de fon­de­ment et lui donnent sa sub­stance. C’est une ques­tion, comme on le com­prend immé­dia­te­ment, qui s’avère déci­sive et donne ici l’occasion de quelques réflexions qui dépassent l’aspect cir­cons­tan­ciel des publi­ca­tions men­tion­nées. Il s’agit pour la pen­sée d’une ques­tion irré­pres­sible, et pour la pen­sée catho­lique en par­ti­cu­lier. On pour­rait dire que semble se poser ici une ques­tion pré­li­mi­naire qui, comme dans des cas rela­ti­ve­ment ana­logues tou­chant à la doc­trine sociale de l’Eglise, est la ques­tion épis­té­mo­lo­gique, et donc métho­do­lo­gique, sachant tou­te­fois que le pro­blème revient, essen­tiel­le­ment, à celui du rap­port entre pen­sée et réa­li­té. Cela a d’autant plus d’importance, bien évi­dem­ment, que la réa­li­té consi­dé­rée concerne les évé­ne­ments his­to­riques, et donc l’historiographie, ou, dans le domaine théo­lo­gique, la véri­té de la Révé­la­tion.
En sub­stance, comme cela appa­raît dès une pre­mière réflexion, toute épis­té­mo­lo­gie (comme toute méthode) ren­voie impli­ci­te­ment ou expli­ci­te­ment à une onto­lo­gie, c’est-à-dire à une consi­dé­ra­tion de la réa­li­té à connaître. Pen­ser une épis­té­mo­lo­gie – une pers­pec­tive intel­lec­tuelle quelle qu’elle soit – comme neutre méta­phy­si­que­ment et axio­lo­gi­que­ment – en d’autres termes, du point de vue de la réa­li­té et de la valeur – est chose impos­sible. Toute forme de pen­sée pré­sup­pose un cer­tain rap­port avec la réa­li­té, et toute connais­sance com­porte, direc­te­ment ou non, une appré­cia­tion. Les diverses atti­tudes intel­lec­tuelles qui se font jour en ce moment peuvent se rame­ner en défi­ni­tive à trois pos­si­bi­li­tés : la pen­sée opé­ra­tive, la pen­sée typo­lo­gique, et la pen­sée réa­liste (ou théo­ré­tique). Il est clair que toute vision phi­lo­so­phique pos­sède sa propre concep­tion de ce que signi­fie la connais­sance. Mais alors celle-ci est expli­ci­tée, d’une façon ou d’une autre, tan­dis que dans le cas pré­sent nous nous réfé­rons à des atti­tudes de connais­sance qui ne sont le plus sou­vent que des pré­sup­po­sés impli­cites. Adop­ter celle-ci, celle-là ou telle autre, comme encore n’importe quelle autre atti­tude intel­lec­tuelle pour exa­mi­ner un texte d’histoire, de théo­lo­gie ou de quelque autre dis­ci­pline est loin d’être indif­fé­rent. De l’adoption d’une cer­taine atti­tude de pen­sée dépend aus­si la manière d’aborder les textes et les thèses, et cela indé­pen­dam­ment de tout juge­ment de valeur sur les inten­tions, et sans aucune pré­ten­tion de juger les per­sonnes. […]

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