Alain Caillé, Marc Humbert, Serge Latouche, Patrick Viveret : De la convivialité. Dialogue sur la société conviviale à venir
Le MAUSS, bien connu pour la qualité de ses analyses ainsi que son attention militante face à l’hégémonie de l’économisme portée aux dimensions anthropologiques de la vie en société, déçoit ici très fortement. Tous les auteurs, férus d’Ivan Illich, s’attachent à y défendre le projet d’un « convivialisme » (Alain Caillé), visant à « trouver des fondements non-utilitaristes à la démocratie », à développer des « stratégies de transition vers
la convivialité avancée ». Cette société du « bien-vivre-ensemble » passerait, toujours selon Alain Caillé dans une autre contribution, par une social-démocratie universalisée, une solidarité planétaire et avec la nature, etc. Le plus contradictoire de cet ouvrage de remise en cause de la raison instrumentale tient dans les derniers chapitres : Alain Caillé (une fois encore) expose une intéressante critique de la « mise en chiffres » des sociétés sous forme d’indicateurs (de PIB, etc.) et démonte l’illusion des indicateurs dits « alternatifs » (visant par exemple à mesurer le bien-être !). Mais à sa suite, Michel Renault présente le projet Isbet (Indicateurs sociétaux de bien-être territorialisé, sic !), une recherche scientifique visant notamment « à construire une société de participation du vivre-ensemble », plus instructif que toute autre chose sur les illusions persistantes en matière de recherche en sciences sociales…