Revue de réflexion politique et religieuse.

Albert Rouet (dir.) : Vers une Église de la confiance. Les com­mu­nau­tés locales au cœur des inter­ro­ga­tions humaines

Article publié le 5 Avr 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Long­temps arche­vêque de Poi­tiers, bien connu pour son sou­tien pro­vo­ca­teur à la sub­ver­sion cultu­relle dite « art contem­po­rain », Mgr Albert Rouet est aus­si un cher­cheur de solu­tions en matière de décler­gi­fi­ca­tion. La sienne réside dans la « proxi­mi­té », une décou­verte déca­lée dans le temps des « com­mu­nau­tés de base » des années 1970, avec les adap­ta­tions qui s’imposent. Vers une Eglise de la confiance est une pro­duc­tion du comi­té le conseillant, dénom­mé « Arbre à palabres » (cf. www.poitiers-catholique.fr pour plus de détails). De ce pêle-mêle (textes théo­riques, poèmes, extraits de pièce de théâtre, témoi­gnages…) on pour­ra s’arrêter sur la conclu­sion d’un petit cha­pitre inti­tu­lé « Uni­té qui fait auto­ri­té », après éli­mi­na­tion des formes suc­ces­sives d’autorité « par la force », cha­ris­ma­tique et contrac­tuelle-légale. L’auteur (Loïc Ber­thaud) veut s’inspirer de la méta­phore du vivant, dont l’échange serait la cause interne d’unité. « Aucune auto­ri­té ne peut géné­rer une uni­té ain­si fon­dée sur l’échange, puisqu’elle pro­cède de ses membres. Plus encore, les “auto­ri­tés” peuvent plu­tôt être consi­dé­rées comme la consé­quence de l’unité : au sens où, pour faire gran­dir cette uni­té, la nour­rir et l’animer, les res­pon­sa­bi­li­tés seraient confiées selon les talents et les dési­rs. Ain­si, une uni­té qui com­mu­nie­rait dans l’échange se pas­se­rait bien d’autorité fon­da­trice, parce qu’elle ferait auto­ri­té »…

A l’utopie anti-auto­ri­taire semble répondre la confu­sion des langues. C’est du moins l’impression que l’on a en par­cou­rant le recueil (535 pages) de prières pré­fa­cé par Albert Rouet : prier pour les droits de l’homme, prier avec les Baha’i, prier pour la Terre, prier avec les musul­mans en sui­vant Chris­tian de Cher­gé s’adressant au « Sei­gneur unique et tout-puis­sant », ou encore prier le Grand Esprit (« Je lève mon calu­met vers toi »…). Saint Augus­tin et sainte Thé­rèse d’Avila s’égarent ici aux côtés de l’inévitable Lyt­ta Bas­set ou de l’évêque com­mu­niste Pedro Casaldá­li­ga. Nou­velle Pen­te­côte ? « C’est par­ti comme un feu de brous­saille […] C’est le bruit d’une Parole […] Tout a com­men­cé dedans,/ à l’intérieur,/ der­rière les murs,/ der­rière les verrous,/ der­rière les peurs. […] Tous les mots d’Eglise/ qui trop sou­vent feraient mieux de se taire/ ce jour-là étaient en feu./ Ils ont ouvert la fenêtre et le vent s’est engouffré,/ le vent qui sou­lève les ques­tions et les pro­tes­ta­tions […] » (Jean Debruynne). Le vent s’épuise peu à peu, mais il a beau­coup rava­gé entre-temps.

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