Albert Rouet (dir.) : Vers une Église de la confiance. Les communautés locales au cœur des interrogations humaines
Longtemps archevêque de Poitiers, bien connu pour son soutien provocateur à la subversion culturelle dite « art contemporain », Mgr Albert Rouet est aussi un chercheur de solutions en matière de déclergification. La sienne réside dans la « proximité », une découverte décalée dans le temps des « communautés de base » des années 1970, avec les adaptations qui s’imposent. Vers une Eglise de la confiance est une production du comité le conseillant, dénommé « Arbre à palabres » (cf. www.poitiers-catholique.fr pour plus de détails). De ce pêle-mêle (textes théoriques, poèmes, extraits de pièce de théâtre, témoignages…) on pourra s’arrêter sur la conclusion d’un petit chapitre intitulé « Unité qui fait autorité », après élimination des formes successives d’autorité « par la force », charismatique et contractuelle-légale. L’auteur (Loïc Berthaud) veut s’inspirer de la métaphore du vivant, dont l’échange serait la cause interne d’unité. « Aucune autorité ne peut générer une unité ainsi fondée sur l’échange, puisqu’elle procède de ses membres. Plus encore, les “autorités” peuvent plutôt être considérées comme la conséquence de l’unité : au sens où, pour faire grandir cette unité, la nourrir et l’animer, les responsabilités seraient confiées selon les talents et les désirs. Ainsi, une unité qui communierait dans l’échange se passerait bien d’autorité fondatrice, parce qu’elle ferait autorité »…
A l’utopie anti-autoritaire semble répondre la confusion des langues. C’est du moins l’impression que l’on a en parcourant le recueil (535 pages) de prières préfacé par Albert Rouet : prier pour les droits de l’homme, prier avec les Baha’i, prier pour la Terre, prier avec les musulmans en suivant Christian de Chergé s’adressant au « Seigneur unique et tout-puissant », ou encore prier le Grand Esprit (« Je lève mon calumet vers toi »…). Saint Augustin et sainte Thérèse d’Avila s’égarent ici aux côtés de l’inévitable Lytta Basset ou de l’évêque communiste Pedro Casaldáliga. Nouvelle Pentecôte ? « C’est parti comme un feu de broussaille […] C’est le bruit d’une Parole […] Tout a commencé dedans,/ à l’intérieur,/ derrière les murs,/ derrière les verrous,/ derrière les peurs. […] Tous les mots d’Eglise/ qui trop souvent feraient mieux de se taire/ ce jour-là étaient en feu./ Ils ont ouvert la fenêtre et le vent s’est engouffré,/ le vent qui soulève les questions et les protestations […] » (Jean Debruynne). Le vent s’épuise peu à peu, mais il a beaucoup ravagé entre-temps.