Alberto Melloni, Giuseppe Ruggieri (dir.) : Qui a peur de Vatican II ?
Cet ouvrage – notamment l’article de Joseph Komonchak, « Benoît XVI et l’interprétation de Vatican II » (pp. 67–84) – est représentatif de l’orientation nouvelle imposée par le discours du 22 décembre 2005, auquel on s’emploie à répondre, et même dans le sens duquel on prétend aller, en mettant ici particulièrement en valeur cette autre distinction du même discours – signalée dans l’entretien – entre continuité doctrinale (présupposée et donc incontestable) et discontinuités d’ordre historique (incontestables et nécessaires), ce à quoi en définitive se réduirait la question de la continuité/discontinuité autour de Vatican II. Sous-jacente à cette mise en avant semble pointer la tentative d’orienter la visée principale du discours papal, en fait de la vider de toute pertinence réelle. Un autre intérêt du livre est que, dans ce cadre nouveau accepté au moins formellement, des réflexions s’assument clairement dans une logique de discontinuité, voire de rupture, principalement en prétendant révéler l’architecture ouverte du corpus conciliaire (Theobald, Hünermann). Entre une telle perspective et celle dont Mgr Gherardini est un représentant éminent, il ne reste plus beaucoup de place – et bientôt plus du tout – pour ceux qui estiment qu’il convient de simplement appliquer le Concile, c’est-à-dire sans excès dans la pastorale, mais aussi sans interrogation sur le Concile lui-même.