Samuel Mhiles-Meilhac : Le CRIF, de la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1944 à nos jours
Cette thèse (Ehess) est claire, trop peut-être dans la mesure où elle est présentée en style journalistique. Elle retrace l’histoire et décrit les structures d’un Conseil représentatif qui a toujours connu quelques difficultés à fédérer les nombreuses organisations juives de France, et les sections locales d’organismes internationaux (WIZO, B’nai B’rith, AIU) ou israéliens, avant de devenir un « groupe d’intérêt communautaire allié d’une puissance occupante ». Cette définition, donnée par les pro-palestiniens dans un contexte hostile, est cependant proche de la réalité qui se dégage de ce méticuleux travail. Au-delà du communautarisme juif français, ce livre ouvre des perspectives théoriques intéressantes, suggérant la question de savoir où se situe la frontière entre un puissant groupe de pression ayant des appuis à l’étranger et un Etat dans l’Etat. On a évoqué avec une certaine insistance la possibilité d’un « CRIF musulman », et même, de manière plus éphémère, d’un « CRIF catholique » ! L’idéal-type de ce genre d’organisations est cependant d’en rester à des actions de défense, de promotion et à des jeux d’influence, non de chercher à accéder à un pouvoir central dont on laisse le soin à d’autres. Le communautarisme est en ce sens très postmoderne, comme le néo-zapatisme mexicain.