Philippe-Marie Margelidon, Yves Floucat : Dictionnaire de philosophie et de théologie thomistes
Ce dictionnaire vient s’inscrire dans une collection d’instruments de travail de qualité, la Bibliothèque de la Revue thomiste. Il réunit 650 entrées, quelques-unes seulement très courtes, mais presque toutes bien proportionnées, et donc parfois très substantielles lorsqu’il s’agit de notions importantes. La théologie – n’est-ce pas normal ? – y est très majoritaire, incluant beaucoup d’aspects de morale individuelle. Viennent ensuite, par ordre décroissant, la métaphysique et les autres parties générales de la philosophie, puis la politique, tandis que l’économie n’y tient que très peu de place (celle de l’usure). Quelques articles peuvent retenir particulièrement notre attention, en raison de leur lien avec des thèmes fréquemment abordés dans Catholica. Ainsi « dignité ». « L’Aquinate ne parle pas de la dignité de la personne humaine au sens moderne qu’a pris cette expression ». Des quatre sens indiqués il ressort que la dignité s’acquiert ou se perd au prorata des qualités et mérites ou démérites. L’article « Bien commun », très dense, introduit implicitement le grand débat de ce que Charles de Koninck avait appelé, dans un ouvrage fondamental qui vient d’être réédité, la primauté du bien commun contre les personnalistes. « […] le bien commun appartient à tous et à chacun.
Mieux encore, le bien commun est immanent au bien propre de chaque membre de la société et transcende chacun d’eux. A ce titre, il doit être une fin poursuivie à laquelle nul ne peut se dérober dans la mesure où il est le bien commun de tous communicable à chacun. Ainsi, loin de le soustraire au service de la société politique, le souci de ses intérêts éternels et son ordination directe au Tout divin transcendant manifestent la subordination du bien de la cité au bien de l’univers et la subordination de ces biens communs respectifs au bien commun transcendant des personnes divines, seul susceptible de réaliser par grâce la béatitude des personnes créées ». D’autres articles encore sont riches de sens : « Loi », « Droit », « Peine de mort »… Au registre des regrets, une bibliographie finale dénote à la fois un grand classicisme des références, et malheureusement aussi une certaine étroitesse de champ, qu’il s’agisse d’auteurs ignorés (Fabro, Gaboriau, Koninck, Muralt, Bastit…) ou de l’absence d’indications dans des domaines pourtant importants (juridique, politique, économique). Mais l’ensemble constitue un bon outil, d’autant qu’il y a sous chaque article un renvoi au texte de saint Thomas et des mots clés associés.