Roger Martelli : L’empreinte communiste. PCF et société française
L’auteur, qui a fait partie de la direction du parti et lancé la tendance des « refondateurs », a fini par craquer en 2010 devant ce qu’il a considéré comme un mécanisme d’autoliquidation. Son livre, écrit dans un style explicatif et détaché, constitue une histoire intérieure du parti des origines à aujourd’hui, sans jamais ouvrir de placards aux contenus imprésentables. Aucun mot, par exemple, dans cette chronologie détaillée sur la ténébreuse alliance avec le régime hitlérien jusqu’à la rupture du pacte Molotov-Ribbentropp. En revanche R. Martelli insiste sur la constante dépendance envers Moscou. Son idée directrice, d’ailleurs bien rendue, est que le parti s’est transformé en secte toujours plus autonome, formant une sorte d’enclave anthropologique à l’intérieur de la nation, « aux confins de la contre-société ». Le monolithe ne se fissurera que lentement, sans atteindre pour autant le noyau institutionnel vitrifié, désespérant les adeptes de la refondation du bolchevisme. Pour sa part, l’auteur considère qu’il est impossible d’en revenir à l’armée des révolutionnaires professionnels, dans des pages finales (227–36) où s’ébauche un raisonnement spéculatif établi sur la théorie des cycles, pour conclure que l’espérance (désenchantée) d’une renaissance du parti communiste relève du pari pascalien.