Catherine Simon : Algérie, les années pieds-rouges. Des rêves de l’indépendance au désenchantement (1962–1969)
Réimpression (et réduction de format et index en caractères lilliputiens) d’une première parution en 2009, dont l’auteur, grand reporter du Monde, présente sous forme chronologique et avec une certaine nostalgie les désillusions du groupe hétéroclite des anciens membres des réseaux de soutien au terrorisme (Curiel, Jeanson), déserteurs, trotskistes en mal d’expérimentation, chrétiens-progressistes et aventuriers qui ont volé au secours de l’Algérie indépendante avant de s’y rendre indésirables. C. Simon évalue à plus de 10.000 l’importance de ce petit peuple dont le trait commun était, semble-t-il, une profonde naïveté doublée d’une cécité non moins profonde, toutes deux d’origine idéologique. Incapables, par ignorance de l’arabe, de se rendre compte qu’on les manipulait, ils deviennent rapidement encombrants par leur attitude de mentors ou plus simplement de témoins de malversations. La mise au placard de Ben Bella par Boumediene leur est fatale, et bon nombre d’entre eux font connaissance avec les tortures raffinées du FLN. Comme il faut expliquer la chose, qui jure quelque peu avec l’image canonique du vaillant moujahid résistant contre l’infâme armée coloniale, Catherine Simon conclut que les nouveaux maîtres ont été à l’école de l’armée française… comme si les pratiques sadiques n’avaient pas été la caractéristique distinctive du FLN et de ses dérivés, avant et depuis 1962. […]