Revue de réflexion politique et religieuse.

Fethi Bens­la­ma : Décla­ra­tion d’insoumission. A l’usage des musul­mans et de ceux qui ne le sont pas

Article publié le 28 Oct 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Respec­ti­ve­ment 120 et 100 pages, ces deux livrets sont mis sur le mar­ché pour pro­fi­ter des cir­cons­tances. Tous deux émanent de Tuni­siens très occi­den­ta­li­sés. La décla­ra­tion d’insoumission, publiée une pre­mière fois en 2005, de F. Bens­la­ma – psy­cha­na­lyste, ensei­gnant à l’université de Paris-Dide­rot – est don­née par son auteur comme pré­mo­ni­toire : il voit dans les secousses récentes dans le monde arabe une réponse à l’appel qu’il avait lan­cé à se débar­ras­ser du poids de la reli­gion, à par­ler d’Islam (avec majus­cule, au sens cultu­rel) pour délais­ser l’islam (avec une minus­cule, au sens reli­gieux). L’intérêt posi­tif de la démarche consiste à mettre en relief la révo­lu­tion réac­tion­naire de l’islamisme, lui-même expres­sion actuelle d’un phé­no­mène récur­rent ren­du néces­saire par l’irrationalité ini­tiale et son garant, la sur­veillance sociale. Face à la situa­tion d’indignité dans laquelle les diri­geants arabes (musul­mans) main­tiennent leurs sujets, la seule issue est « le dis­cours sacri­fi­ciel de la reli­gion », seule manière de com­prendre réel­le­ment l’enthousiasme des ter­ro­ristes sui­ci­daires. En lisant cet auteur, on a cepen­dant l’impression fâcheuse d’un grand manque d’originalité, puisque tout se boucle chez lui sur un appel à la moder­ni­sa­tion, par inté­gra­tion éga­li­taire des immi­grés du Magh­reb dans une Europe labo­ra­toire de laï­ci­té. Il ne manque pas de dénon­cer, de ce point de vue, l’effet per­vers de la dis­cri­mi­na­tion posi­tive, qui enfonce dans la dif­fé­rence.
Son com­pa­triote Man­sou­ri, hel­lé­niste ensei­gnant à l’Ecole pra­tique des Hautes études, et tout aus­si mécréant que lui, le rejoint sur ce point, d’une manière assez ori­gi­nale puisque son dis­cours inin­ter­rom­pu prend la forme de conseils aux étu­diants nord-afri­cains dési­reux de fuir leurs pays d’origine. Ce fai­sant, il met en évi­dence beau­coup d’incompréhensions, d’hypocrisies, d’absurdités bureau­cra­tiques, et s’en prend à tous les spé­cia­listes de l’autoflagellation (« “Touche pas à mon pote”. Quelle impos­ture ! Pauvres beurs ! Des cen­taines de kilo­mètres de marche à pied pour un slo­gan pathé­tique por­té par quelques arri­vistes deve­nus aujourd’hui les notables de l’antiracisme »…) Cepen­dant le même auteur se laisse déri­ver, au fil de son verbe et de ses riches connais­sances et expé­riences, vers une contra­dic­tion fon­da­men­tale, tou­jours la même, qui est celle de vou­loir et ne pas vou­loir l’assimilation dans un pays dont les fer­ments de décom­po­si­tion fas­cinent en même temps qu’ils répugnent.

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