Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­ture : Le véri­table Hans Küng

Article publié le 29 Oct 2011 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Hans Küng, sou­vent encore qua­li­fié de « théo­lo­gien catho­lique », n’est pas vrai­ment un incon­nu. Les deux volumes de ses Mémoires ((. Hans Küng, Mémoires I. Mon com­bat pour la liber­té (Cerf, 2006, 44 €), et Mémoires II. Une véri­té contes­tée (Cerf, 2010, 48 €). Pour les réfé­rences nous avons choi­si d’indiquer le numé­ro du volume des mémoires (I ou II) sui­vi du numé­ro de page cor­res­pon­dant.)) , qui repré­sentent un total de plus de mille deux cents pages, méritent cepen­dant une lec­ture dans le détail même s’il est par­fois dif­fi­cile d’y res­ter accro­ché sans quelque aga­ce­ment ((. Nous en don­nons ci-après un aper­çu qui ne se veut pas exhaus­tif, un compte ren­du com­plet étant impos­sible à réa­li­ser en quelques pages.)) .
Il y a beau­coup de choses que ce prêtre com­bat­tant pour la « liber­té » et la « véri­té » n’aime pas et qui le mettent de fac­to hors de l’Eglise catho­lique romaine à laquelle il pré­tend encore appar­te­nir. Et même s’il dit s’efforcer à « l’objectivité la plus grande pos­sible, y com­pris envers [s]es adver­saires » (I, 9), le ton n’est pas des plus posés. Presque chaque page est en effet empreinte d’une sorte de hargne inex­tin­guible.
Séduit par le boud­dhisme, par l’islam même (il reproche notam­ment à J. Rat­zin­ger son « dés­in­té­rêt presque total pour un islam pour­tant très mar­qué par ce chris­tia­nisme ori­gi­nel » ; II, 185), fas­ci­né par Sartre, Teil­hard de Char­din, Hegel, les répu­bli­cains espa­gnols (il s’élève en par­ti­cu­lier contre la béa­ti­fi­ca­tion des mar­tyrs catho­liques, I, 189), il ne croit pas au Saint-Esprit (évo­quant « la confiance pas­sive et déme­su­rée en l’Esprit Saint » – I, 297), refuse les indul­gences, pour­fend les exer­cices de saint Ignace (II, 82), en par­ti­cu­lier l’image tota­le­ment dépas­sée à ses yeux des deux éten­dards ou camps (celui de Satan et du Christ-Roi), n’aime visi­ble­ment pas la sainte Vierge, cette dame « soi-disant appa­rue à la jeune fille igno­rante qu’était Ber­na­dette Sou­bi­rous » (son pas­sage sur les appa­ri­tions de Lourdes – I, 191–192 – et les dif­fé­rents titres de Reine du Ciel ou Média­trice de toutes grâces, est assez élo­quent), ne sup­porte pas l’enseignement de l’Eglise catho­lique en matière de moeurs (voir en par­ti­cu­lier son pas­sage – II, 77–78 –, sur l’encyclique Cas­ti Connu­bii, publiée par Pie XI « comme tou­jours convain­cu d’être le seul déten­teur de la véri­té » et qui ne soup­çonne pas un ins­tant qu’il y a là un deuxième cas Gali­lée ; mais éga­le­ment en de mul­tiples endroits à pro­pos d’Humanae vitae ou du céli­bat ecclé­sias­tique), rejette l’infaillibilité pon­ti­fi­cale et enfin se démarque de son milieu d’origine. Celui-ci est « un monde catho­lique fer­mé sur lui-même » (I, 40), com­pre­nant la messe obli­ga­toire des dimanches et jours de fête asso­ciée par l’auteur à un contrôle social insé­rant dou­ce­ment « chaque indi­vi­du dans la col­lec­ti­vi­té dont il ne peut pas encore s’extirper en ces temps de mobi­li­té res­treinte », le cours de caté­chèse, assu­ré par l’Eglise, les jeu­dis et « l’impopulaire demi-heure d’instruction chré­tienne du dimanche », les deux à l’intention des jeunes, à un moment où « comme au Moyen Age, l’Eglise et la socié­té ne sont pas encore sépa­rées » (I, 41), la confes­sion pri­vée, liée à un cer­tain nombre de lois arbi­traires (inter­di­sant par exemple les mariages mixtes), de pres­crip­tions poin­tilleuses (le jeûne avant la com­mu­nion) et aux « mul­tiples repré­sen­ta­tions absurdes du ciel, de l’enfer et du pur­ga­toire » (I, 43) ; le « catho­li­cisme de ghet­to », (I, 50). On est alors entre 1942 et 1946. […]

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