Wassyla Tamzali : Une éducation algérienne. De la révolution à la décennie noire
Récit autobiographique d’une femme issue de la grosse bourgeoisie « indigène », évoquant son enfance avec délices, passée dans une propriété couverte de roses – à croire que la nuit coloniale ne devait pas être si insupportable qu’on le dit. Son père a été assassiné par un agent du FLN, et malgré cela, elle basculera dans le camp de ce dernier, s’enthousiasmant pour la geste idéalisée de l’Indépendance. Las, elle dut très vite déchanter, dès 1962, notamment quand elle constata que la demeure familiale avait été réquisitionnée et pratiquement mise à sac par l’autogestion installée par le régime de Ben Bella. La suite du livre trahit le même déchirement entre une intégration au parisianisme bobo (l’auteur est avocate, militante féministe, a travaillé à ce titre à l’Unesco) et un profond dépit devant cinquante ans de rêve effondré. Certains passages révèlent un niveau de réflexion plus profond (comme lorsque W. Tamzali se demande ce qu’elle aurait fait si elle avait connu les véritables propos d’Albert Camus lors de son discours de Stockholm, en 1960).