Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­tures : Auto­bio­gra­phies pré­si­den­tielles de Clin­ton à Oba­ma

Article publié le 18 Nov 2012 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le meilleur moyen de com­prendre un être sera tou­jours de l’écouter. Sans offrir une pleine proxi­mi­té humaine, les livres-disques donnent à une oeuvre une voix qui n’est pas celle de la lec­ture silen­cieuse – et ce com­plé­ment n’est pas sans charme. Ils peuvent même assu­rer une cer­taine pré­sence de l’auteur lorsque celui-ci se fait lec­teur de ses propres écrits. Selon un usage répan­du dans le monde anglo-saxon plus qu’en France, les deux pré­si­dents Bill Clin­ton (1992–2000) et Barack Oba­ma (élu en 2008) ont ain­si enre­gis­tré leur auto­bio­gra­phie, cha­cun avec son accent propre (qui n’est pas celui d’Oxford) et des into­na­tions sin­gu­liè­re­ment vivantes.
L’actualité élec­to­rale amé­ri­caine jus­ti­fie un retour vers l’éclairage ain­si por­té sur la pre­mière puis­sance au monde. My Life ((. Bill Clin­ton, My life, read by the author, Ran­dom House Audio, 2004, 6 h 30.))  ren­voie de Bill Clin­ton une image irré­sis­ti­ble­ment sym­pa­thique. Good guy de l’Arkansas pro­fond né en 1946, orphe­lin de père, mère rema­riée à un alcoo­lique qui la bat­tait, il nous raconte son enfance avec une émo­tion conte­nue. Authen­tique Amé­ri­cain, il croit au lea­der­ship et à la conscience, au cou­rage per­son­nel et au tra­vail en équipe. Son héros se nomme J.-F. Ken­ne­dy. I have a dream le fait rêver. Il entre tout jeune en poli­tique. Il milite contre la guerre du Viêt-Nam, mais il se retient pour ne pas se por­ter volon­taire – il se demande d’ailleurs encore s’il n’aurait pas dû par­tir se battre aux côtés des cama­rades de sa classe. Il ren­contre Hil­la­ry ; ils parlent pen­dant des heures, de tout et de rien ; ils se marient ; c’est un grand bon­heur. Clin­ton trouve un ton juste pour évo­quer le mys­tère du mariage entre un homme et une femme, les incom­pré­hen­sions mutuelles, et les épreuves sur­mon­tées ensemble ; la grande joie de leur vie res­te­ra la nais­sance de leur fille unique ; ils ont eu du mal à l’avoir ; ils la pré­nomment Chel­sea, d’après le nom d’une chan­son à la mode. Bien sûr, ce n’est pas tou­jours facile. Contrai­re­ment à d’autres affaires (Gen­ni­fer Flo­wers, Pau­la Jones…), le scan­dale Moni­ca Lewins­ky occupe une part non négli­geable de My Life ; Bill en parle avec pudeur ; c’est un homme comme les autres ; il se sait faible ; il ne sait pas com­ment il a pu faillir à ce point ; il a vou­lu pro­té­ger sa famille, et ce n’est pas facile pour un homme public ; on le lui a fait payer très cher, on a failli le dépo­ser ; mais le solide bon sens amé­ri­cain l’a empor­té et la page a été tour­née ; ça a été très dur avec Hil­la­ry ; elle a été extra­or­di­naire ; ils en sont res­sor­tis encore meilleurs et en s’aimant encore plus.
Avec ceci, My Life four­mille de détails élec­to­raux ; on y a droit à tous les résul­tats pos­sibles, assor­tis de com­men­taires mani­fes­te­ment impor­tants pour leur auteur : Clin­ton fut le pre­mier gou­ver­neur de l’Arkansas à être élu, bat­tu puis réélu ; il fut le pre­mier pré­sident démo­crate depuis Tru­man à être recon­duit, etc. Il ne s’étend pas trop sur le fait qu’il a gagné en 1992 à la faveur de l’une des rares tri­an­gu­laires de l’histoire amé­ri­caine. […]

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