Revue de réflexion politique et religieuse.

Lec­tures : L’Europe chré­tienne et son déni

Article publié le 18 Nov 2012 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le jour­na­liste amé­ri­cain Chris­to­pher Cald­well traite, à tra­vers un ouvrage étof­fé et très docu­men­té, des consé­quences de l’implantation mas­sive de musul­mans en Europe ((. Chris­to­pher Cald­well, Une révo­lu­tion sous nos yeux. Com­ment l’Islam va trans­for­mer la France et l’Europe, Edi­tions du Tou­can, 2011, 461 p., 23 €. Edi­tion ori­gi­nale : Reflec­tions on the Revo­lu­tion in Europe : Immi­gra­tion, Islam, and the West, Dou­ble­day, New York 2009.)) .
Dès l’abord, il affirme son inten­tion de trai­ter ce sujet par­ti­cu­liè­re­ment abra­sif avec la volon­té d’éviter les par­tis pris et le prêt-à-pen­ser mais aus­si, sim­ple­ment et sur­tout, sans langue de bois. Ce qui revient déjà, sur ce ter­rain, à enflam­mer les esprits, comme ont pu le mon­trer de nom­breuses rela­tions de presse hos­tiles ou lau­da­tives.
Le sous-titre de l’ouvrage, « com­ment l’Islam va trans­for­mer la France et l’Europe », indique immé­dia­te­ment la pos­ture de l’auteur : il ne s’est pas atte­lé à faire oeuvre de phi­lo­so­phie mais à explo­rer, sur le ter­rain euro­péen, un domaine rele­vant des sciences sociales ; cepen­dant, quelques indi­ca­tions sur le « pour­quoi » appa­raissent en fili­grane au long de ses des­crip­tions et rai­son­ne­ments.
Cald­well a amas­sé une quan­ti­té très appré­ciable de réfé­rences. Tout au long de l’ouvrage il fait abon­dam­ment appel à des enquêtes sta­tis­tiques et cite de nom­breux auteurs euro­péens, en par­ti­cu­lier fran­çais, tels Pierre-André Taguieff ou Pierre Manent, peu sus­pects de radi­ca­lisme. Il illustre ses pro­pos d’exemples concrets tirés des situa­tions spé­ci­fiques des dif­fé­rents pays euro­péens, tant fac­tuelles que rela­tives à l’état des légis­la­tions ou des débats sur la ques­tion, et démontre une connais­sance du sujet très sérieuse. Sa thèse, fina­le­ment, repose sur deux idées fon­da­men­tales : l’Europe est un corps mou­rant en rai­son d’un double déni de réa­li­té : réa­li­té d’elle-même et réa­li­té de l’autre. Ce double déni est un com­po­sé cor­ro­sif de haines, de men­songes, d’illusions et de renon­ce­ments. Au-delà de la schi­zo­phré­nie euro­péenne, Cald­well note cer­tains élé­ments d’évolution et invite les Euro­péens à s’interroger sur eux-mêmes. […]

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