Père Michel Viot : La révolution chrétienne. Entretiens avec l’abbé Guillaume de Tanoüarn
Atypique par ses origines (pasteur protestant, franc-maçon, converti et ordonné prêtre tardivement) et par les jugements qu’il porte, entre « réaction » et « ouverture » fort libérale selon les moments. Très hostile aux Lumières et à leur fruit direct, la révolution française, le P. Michel Viot semble adhérer au point de vue de Jacques Ellul, partisan de la stricte neutralité d’un Etat à qui il serait interdit de s’occuper de morale et de religion. On présume qu’il s’agit de l’Etat moderne, structure de pouvoir supposée donner consistance à un peuple souverain délié de toute loi supérieure. A moins qu’il ne s’agisse de l’autorité politique, dont la fonction est de servir le bien commun d’un peuple. Dans un cas comme dans l’autre la réduction à la technique est impossible, la moindre loi présupposant un rapport à la raison et donc au bien et à la vérité. Dans un chapitre ultérieur, le P. Viot adhère entièrement à l’encyclique de Pie XI sur le Christ-Roi, ce que confirme ensuite quand il exclut une « nouvelle évangélisation » qui ne porterait pas d’attention à l’ordre politique. De même rejette-t-il, en matière d’oecuménisme, la prétendue hiérarchie des vérités de la foi, qui permettrait une unité au rabais autour d’un noyau central commun. A l’inverse, Michel Viot se trouve à l’aise avec Nostra Aetate. Au total, un témoignage intéressant, et sans doute un propos d’étape.