Michaël Oakeshott : Du conservatisme
Ce très bref ouvrage de 70 pages, complétées par une introduction et une postface présentant l’œuvre du philosophe britannique décédé en 1990, constitue la traduction d’une conférence de 1957, par laquelle il proposait une définition du conservatisme. Se refusant à toute véritable conceptualisation, par refus d’un rationalisme dont il raille les limites, Oakeshott propose du conservatisme une définition sceptique et libérale : est conservateur celui qui ne se réfugie pas dans un passé idéalisé, ou se projette dans un futur utopique, mais se satisfait pleinement du temps présent. Le conservatisme n’est donc pas une doctrine, mais une attitude ou plus encore une disposition intellectuelle, par laquelle celui qui en est affecté (ou la fait sienne volontairement) préfère, en tout domaine, le familier à l’inconnu. De ce fait, le conservatisme prôné par Oakeshott n’a rien à voir avec l’attachement à toute idée d’ordre, ou de nature humaine : s’il répugne au changement, c’est essentiellement par confort qu’agit le conservateur. Quant au gouvernement, il ne sera conservateur que s’il ne sort pas du rôle de régulateur des passions dont le déchaînement pourrait entraîner des changements trop brutaux. Vu à ce prisme, le conservatisme n’est donc rien d’autre que le croisement de l’esprit bourgeois et du libéralisme politique.