Gérard Cholvy : Le XIXe siècle grand siècle des religieuses françaises
Fait encore méconnu, le « grand siècle » des congrégations n’est pas le XVIIe mais le XIXe siècle, aux lendemains de la Révolution française. Certaines ont traversé de façon clandestine la Terreur, d’autres sont directement issues de la résistance durant cette période noire (les Filles du Cœur de Marie, réunies par Pierre de Clorivière et Adélaïde de Cicé, la Société des Sacrés-Cœurs lancée par le père Coudrin…), mais la plupart, congrégations actives et à vœux simples, croissent un peu plus tard. De 1820 à 1860, ce sont six nouvelles congrégations par an dont il faut faire état, le nombre total s’élevant à environ cinq cents à la fin du siècle : enseignantes, vouées à l’accueil des pauvres, aux soins des malades, des sourds, des handicapés et même spécifiquement missionnaires, telles la congrégation de Saint Joseph de l’Apparition fondée par Emilie de Vialar à Gaillac (Algérie, Tunisie, Malte…) les Sœurs bleues de Castres (Afrique noire), ou les Franciscaines missionnaires de Marie. Gérard Cholvy en dresse ici un bref panorama, par région et par diocèse. Il évoque le combat mené par les Républicains (en particulier par les instituteurs) contre ces femmes guère faciles à remplacer tant elles avaient pris place dans le paysage de la santé et de l’enseignement. Et pour finir il souligne que la raréfaction au début du XXe siècle d’une forme de recrutement des sœurs et religieuses est davantage due à la sécularisation progressive de certaines professions (institutrices, professeurs, infirmières) qu’au recul de la natalité, resté lent dans les régions « de chrétienté ».