Georges-Henri Soutou (dir.) : Les puissances mondiales sont-elles condamnées au déclin ?
Ce travail collectif paraît dans la collection « Débat public de l’Académie des Sciences morales et politiques » dirigée par Jean Baechler. Il a pour objet l’étude comparative des causes du processus de déclin des grandes puissances dans l’Histoire. Le cycle est connu et a été abondamment décrit par les historiens du temps long, celui dit civilisationnel, Arnold Toynbee, Immanuel Wallerstein, Fernand Braudel par exemple et, plus récemment, Bernard Wicht dans son maître-ouvrage Guerre et hégémonie (Georg, Genève, 2002). Un seuil de puissance franchi, les Etats-empires doivent s’engager presque mécaniquement dans un processus d’internationalisation lequel, originellement amorcé pour augmenter encore leur pouvoir, leur fait perdre au contraire le contrôle de leur propre développement.
L’épuisement est consécutif à ce partage inévitable de la puissance ; la spirale du déclin entraîne alors une relativisation de celle-ci et le déclassement des empires dans la hiérarchie des Etats : fardeau des « pays frères » et mépris pour le tiers-monde dans le cas soviétique ; économie extravertie et déclin industriel relatif dans le cas du Royaume-Uni ; projection de puissance, déterritorialisation de l’empire et mondialisme dans le cas américain ; croisement multilatéraliste et renfermement eurasiatique dans le cas allemand ; intégration asiatique et refus d’une sinisation mondiale dans le cas chinois. L’hypothèse d’un couple logique « mondialisation-déclin » est ici repris et enrichi de l’étude historique comparative par pays et par période, qui nous fait pénétrer la diversité des phénomènes de mondialisation, des réponses des Etats et de la redistribution entre puissances mondiales et nations émergentes ou renaissantes. Tout n’est donc pas dit en matière d’unification mondiale.