Revue de réflexion politique et religieuse.

Gre­gor Mathias : Les vam­pires à la fin de la guerre d’Algérie. Mythe ou réa­li­té ?

Article publié le 14 Juin 2015 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

L’auteur, pro­fes­seur-asso­cié à Saint-Cyr, a publié plu­sieurs ana­lyses sur les plus récentes expé­di­tions mili­taires aux­quelles ont par­ti­ci­pé des troupes fran­çaises, ain­si que sur le théo­ri­cien de la contre-insur­rec­tion David Galu­la. Le pré­sent livre, pré­fa­cé par l’historien Guy Per­vil­lé, consti­tue une enquête extrê­me­ment ser­rée sur l’une des nom­breuses pra­tiques cri­mi­nelles du FLN en Algé­rie, uti­li­sée en 1962. L’auteur remarque que si dans cer­tains ter­ri­toires depuis cette époque on a vu se repro­duire l’exsanguination de pri­son­niers, ou même l’ablation d’organes, notam­ment chez les Khmers rouges, puis au Koso­vo, le coup d’envoi de tels crimes semble bien avoir été la période prin­ci­pale qu’il étu­die. Il note en outre la pos­si­bi­li­té que des com­por­te­ments du même ordre en 1975 au sein du Front Poli­sa­rio (Saha­ra occi­den­tal), sou­te­nu et enca­dré par le gou­ver­ne­ment algé­rien, aient pu béné­fi­cier du savoir-faire acquis en 1962. L’enquête est pré­cise et pro­cède par éli­mi­na­tion. Elle exa­mine diverses pistes, et écarte celles qui sortent de son objet stric­to sen­su, comme par exemple les enlè­ve­ments de ter­reur sui­vis de tor­tures et d’égorgements. La ques­tion des pré­lè­ve­ments san­guins est autre, essen­tiel­le­ment uti­li­taire : soit qu’ils aient été à court de plas­ma, soit que les musul­mans consi­dé­raient « haram » les trans­fu­sions, les méde­cins du FLN se fai­saient four­nir en don­neurs for­cés par un réseau ad hoc, les regrou­paient et les sai­gnaient métho­di­que­ment jusqu’au moment où ils les aban­don­naient à leur sort. Le phé­no­mène a tou­ché les grandes villes d’Algérie, mais Oran reste le lieu prin­ci­pal de ces exac­tions, comme d’ailleurs aus­si celui de l’inertie cou­pable de l’Armée fran­çaise alors sous les ordre de Joseph Katz. Gre­gor Mathias donne suf­fi­sam­ment d’éléments pour entraî­ner la convic­tion, puis fait un tour – rapide – des ouvrages éclai­rant le sujet, ou le niant comme impen­sable.

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