Régine Perron : Histoire du Multilatéralisme. L’utopie du siècle américain de 1918 à nos jours
L’auteur, Régine Perron, est maître de conférences en histoire des relations internationales à l’université de Cergy-Pontoise. La couverture de l’ouvrage est fortement symbolique même si elle manque d’originalité : une vue triomphante de la statue de la liberté. Le multilatéralisme est en principe une doctrine de droit international voulant dépasser en rationalité l’ancien équilibre westphalien et visant sécurité, prospérité et paix universelle par la multiplication d’accords multipartites fondant et stabilisant droits et obligations. Cet espoir kantien de paix perpétuelle négociée a été lancé comme une mission inspirée par le président Woodrow Wilson puis par Cordell Hull, le secrétaire d’Etat de Roosevelt, à l’origine de toutes sortes d’organisation internationales, la SDN, puis de la Charte de l’Atlantique et de l’ONU, et depuis de toutes les grandes instances visant implicitement à l’instauration d’une gouvernance mondiale. Dans la réalité, il s’est agi d’un phénomène d’américanisation planétaire, très unilatéral, donnant lieu à des théorisations variables au gré de victoires apparentes (la chute du Mur de Berlin, à laquelle répond La fin de l’Histoire, de Fukuyama) ou d’échecs cuisants (Irak, Afghanistan…, suscitant le Choc des civilisations de Huntington). Le multiculturalisme est toujours plus apparu comme le masque d’une entreprise d’établissement de l’hégémonie des Etats-Unis, laissant à leurs partenaires le choix entre l’allégeance ou l’insignifiance. Inutile de préciser que l’existence d’autres pôles de décision (aujourd’hui, Russie, Chine) ne peut que faire obstacle à cette grandiose et pourtant fragile tentative d’appropriation de la planète.