Bonnes feuilles : la souveraineté, un principe acculé à la contradiction
L’évidente crise politique qu’entraîne la mondialisation libérale induit par réaction la réaffirmation du principe de souveraineté de l’État. Certains semblent en faire l’alpha et l’oméga de toute politique, et la seule garantie du salut des peuples, sans prendre garde à la confusion que provoque le terme entre un exercice légitime de l’autorité ou la sauvegarde de l’identité d’un pays, et la revendication d’un caractère absolu du pouvoir politique se prétendant dégagé de toute norme, y compris transcendante. De fait, la notion de souveraineté a servi historiquement à théoriser l’affranchissement de la loi naturelle. Elle revêt par là-même un caractère problématique qui mérite d’être discuté. Dans un ouvrage paraissant aux éditions du Cerf, intitulé Souveraineté et désordre politique. Vaincre le nihilisme, Guilhem Golfin, qui collabore ordinairement à notre revue, développe une critique de cette notion et de la théorie politique qu’elle soustend. Avec la bienveillante autorisation de l’éditeur, nous en extrayons quelques pages, nous promettant de revenir bientôt sur les nombreuses questions qu’il aborde.