Revue de réflexion politique et religieuse.

Numé­ro 145 : La digni­té humaine en désué­tude

Article publié le 20 Sep 2019 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

La digni­té de l’homme est exal­tée dès le pre­mier cha­pitre du livre de la Genèse, qui dis­tingue net­te­ment la créa­tion de l’homme de celle de toutes les autres créa­tures. « Puis Dieu dit : “Fai­sons l’homme à notre image, selon notre res­sem­blance, et qu’il domine sur les pois­sons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les ani­maux domes­tiques et sur toute la terre, et sur les rep­tiles qui rampent sur la terre.” Et Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu » (Gn 1, 26–27). L’homme est pla­cé au-des­sus de toute la créa­tion, ce qui tra­duit l’honneur qui lui est attri­bué, et la rai­son de cet hon­neur, qui est dans le fait d’être l’image de Dieu. En cela est la véri­table rai­son de la digni­té natu­relle de l’homme, selon ce que saint Gré­goire le Grand a ain­si for­mu­lé : « “Réveille-toi donc, ô homme et recon­nais la digni­té de ta nature. Sou­viens-toi que tu as été crée à l’image de Dieu, image qui, bien que cor­rom­pue en Adam, a été res­tau­rée dans le Christ”[1] ». La Chute ori­gi­nelle a atteint la digni­té humaine, mais elle ne l’a pas bri­sée à tout jamais, et la Rédemp­tion l’a réta­blie dans sa poten­tia­li­té, d’une manière « plus mer­veilleuse encore » (comme le dit la litur­gie) : car désor­mais l’exemplaire de sa digni­té, c’est le Christ.
La digni­té de l’homme tient à son être, mais il peut la faire ou ne pas l’honorer, la faire fruc­ti­fier, comme le talent de la para­bole évan­gé­lique, ce talent confié qui pro­duit du fruit, ou bien qui est enfoui (Mt 25, 14–30). La digni­té de l’homme est un don en rap­port avec une charge, accom­plie avec plus ou mois de zèle, ou bien délais­sée, voire expli­ci­te­ment reje­tée[2].

« Chré­tien, recon­nais ta digni­té », dit le pape saint Léon (Ser­mon 21, 2). L’exigence chré­tienne d’assumer son être sur­passe l’exigence natu­relle bien qu’elle l’intègre, mais à elle s’applique l’avertissement évan­gé­lique : « À qui on aura don­né beau­coup il sera beau­coup deman­dé » (Lc 12, 48), tan­dis qu’à celui qui n’a pas connu la volon­té du maître il sera moins deman­dé (ibid., 47). Ce qui signi­fie que l’obligation, selon la rai­son, de culti­ver sa qua­li­té d’homme incombe à tous, et pas seule­ment aux chré­tiens !

Telle est donc la concep­tion de la digni­té culti­vée dans le monde situé dans l’attente de la venue du Christ, plus encore depuis, mais aus­si déjà pré­sente, quoique de manière impar­faite et incom­plète, dans la phi­lo­so­phie antique et dans ce qu’il est conve­nu d’appeler la sagesse des peuples – pen­ser par exemple à l’universel res­pect pour les morts, à Anti­gone…

Le péché d’origine, par le seul fait de sa pos­si­bi­li­té, montre que la digni­té pré­sup­pose la liber­té, c’est-à-dire la facul­té de vou­loir et faire le bien que la rai­son a dis­cer­né, mais aus­si la pos­si­bi­li­té de l’infidélité. Plus encore qu’à l’aspect onto­lo­gique de la digni­té de l’homme, la pen­sée chré­tienne médié­vale a donc prê­té atten­tion à sa condi­tion de réa­li­sa­tion, à son expres­sion propre, le libre-arbitre. C’est en effet la liber­té, par le consen­te­ment ou le refus de ce que la rai­son iden­ti­fie comme bien, qui est l’élément consti­tu­tif de la digni­té natu­relle de l’homme et qui fait de lui l’image de Dieu. C’est au demeu­rant dans ce creu­set théo­lo­gi­co-phi­lo­so­phique qu’a été prise en consi­dé­ra­tion de la manière la plus affir­mée la place essen­tielle de la rai­son comme appui sur lequel repose et se déve­loppe la liber­té, et hors de laquelle celle-ci n’a pas de sens[3]. Il y a donc trois élé­ments dans cette concep­tion émi­nem­ment tra­di­tion­nelle : l’homme, dis­tinct dans son être même de tous les autres êtres créés, la rai­son, qui accède à la connais­sance du bien, la liber­té, qui lui per­met de le vou­loir, deve­nant ain­si pro­créa­teur de lui-même.

***

On le com­prend aisé­ment, la digni­té humaine n’est pas une inven­tion de la Moder­ni­té, non­obs­tant cer­taines affir­ma­tions contraires rele­vant de la pure volon­té de s’imposer, sinon de la répé­ti­tion stu­pide ou de la croyance irra­tion­nelle. Un simple exemple, celui de la juriste et théo­ri­cienne des droits de l’homme Mireille Del­mas-Mar­ty, membre de l’Institut : « D’un point de vue phi­lo­so­phique, la notion de digni­té humaine trouve ses racines dans la phi­lo­so­phie kan­tienne[4]. » Toute une doxa s’est éla­bo­rée sur ce type de pro­pos, lais­sant croire qu’il a fal­lu attendre l’époque des Lumières pour en arri­ver à l’idée que l’homme pos­sède comme tel une digni­té qui le dis­tingue de tous les autres vivants – ce que nient aujourd’hui ceux qui cherchent au contraire à sup­pri­mer la dis­tance spé­ci­fique met­tant l’homme à part dans le règne ani­mal.

L’affirmation com­porte de nom­breuses variantes, et on la ren­contre mal­heu­reu­se­ment sou­vent dans des milieux de culture catho­lique. L’idée, ancrée comme une évi­dence non dis­cu­table, est que la phi­lo­so­phie de Kant a été le point de départ d’une com­pré­hen­sion enfin adulte, si l’on peut dire, de la digni­té humaine. En témoigne l’affirmation sui­vante, par­mi bien d’autres : « Sans doute la pen­sée occi­den­tale a‑t-elle trou­vé dans la pen­sée de Kant sur la digni­té sa for­mu­la­tion la plus nette : agis de telle sorte que tu trouves l’humanité aus­si bien dans ta per­sonne que dans la per­sonne de l’autre, et que tu la traites tou­jours et en même temps comme une fin et jamais sim­ple­ment comme un moyen[5] ».

Une autre atti­tude consiste à admettre un pro­grès sans rup­ture pro­fonde. Le génie de Kant aurait ain­si été de for­mu­ler en termes nou­veaux la concep­tion chré­tienne pré­exis­tante. La « sor­tie de l’état d’immaturité » (Unmün­dig­keit) par laquelle il défi­nis­sait l’Aufklä­rung aurait donc per­mis un pro­grès de la connais­sance, dans une sorte de dépas­se­ment dia­lec­tique. L’argument est bien faible en réa­li­té[6]. Si la digni­té est affir­mée en com­mun, tant dans la tra­di­tion théo­lo­gi­co-phi­lo­so­phique chré­tienne et dans la phi­lo­so­phie des Lumières, si de la même façon elle est posée comme une consé­quence de la pos­ses­sion par l’homme de la liber­té, il n’en reste pas moins que cette der­nière est pen­sée d’une manière tota­le­ment contra­dic­toire dans les deux démarches intel­lec­tuelles.

La ques­tion nodale est en effet celle de la défi­ni­tion de la liber­té. D’un côté, dans la vision biblique, et à des degrés divers de clar­té, dans la concep­tion natu­relle la plus com­mune, elle est une capa­ci­té de se mou­voir volon­tai­re­ment vers le Bien en géné­ral, qui est Dieu, et ce qui conduit à Dieu, celle aus­si de fuir le mal, c’est-à-dire ce qui en détourne : tel est le pre­mier prin­cipe de la mora­li­té, de la vie ordon­née, indi­vi­duelle comme col­lec­tive. En regard, la liber­té est, dans l’esprit des Lumières, la « pro­prié­té de soi » (Locke), la pos­si­bi­li­té, reven­di­quée par chaque indi­vi­du (adulte, en pos­ses­sion de ses moyens, et, ajou­tons-le, en mesure de s’imposer) de défi­nir lui-même la loi à laquelle il entend se sou­mettre (Kant). Il est tou­jours pos­sible de jouer sur les équi­voques, d’exalter abs­trai­te­ment – idéo­lo­gi­que­ment – la liber­té, de faire comme si l’autonomie kan­tienne signi­fiait le degré le plus éle­vé de l’éducation et du gou­ver­ne­ment de soi-même, encore faut-il com­prendre que l’idéal anthro­po­lo­gique des Lumières n’est ni le sage ni le saint, mais l’homme qui se voit remettre la fonc­tion de « légi­fé­rer » par lui-même, de décré­ter ce qui est bien ou mal en toute indé­pen­dance, qui « construit » sa vie à sa guise. Tel est le modèle – qua­si­ment l’idée pla­to­ni­cienne – vers lequel les hommes concrets sont som­més de tendre afin de se libé­rer des « pré­ju­gés », de la sou­mis­sion aux maîtres, etc. Cet idéal de vie peut être source d’ascèse, mais d’une ascèse pure­ment néga­tive. La libé­ra­tion, dans l’esprit des phi­lo­sophes des Lumières, consiste à se déga­ger de la loi divine et natu­relle pour s’attribuer la pré­ten­tion de trans­for­mer l’ordre des choses, d’oser pen­ser la réa­li­té autre­ment que comme un don reçu et de la trans­for­mer.

La période pré­sente voit s’accomplir avec bien moins d’entraves psy­cho­lo­giques et maté­rielles que par le pas­sé de telles pré­ten­tions, et le trans­hu­ma­nisme et autres inno­va­tions sem­blables en sont le der­nier pro­duit. Le mar­xisme avait déjà mani­fes­té la volon­té de pro­cé­der à une nou­velle créa­tion de main d’homme, après la révo­lu­tion fran­çaise La contra­dic­tion n’a jamais aus­si bien tra­duite que dans la célèbre oppo­si­tion de saint Augus­tin dans La cité de Dieu : « Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité ter­restre, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste[7]. »

Il reste que l’argument d’une éven­tuelle conci­lia­tion peut être pro­po­sée de manière pra­tique, comme une sorte d’alliance cir­cons­tan­cielle entre tous ceux qui recon­naissent à l’homme une digni­té spé­ci­fique, quoique avec des argu­ments fort dis­tincts. Ce jeu dan­ge­reux avait don­né lieu à la labo­rieuse théo­ri­sa­tion pré­sen­tée par Jacques Mari­tain, dans L’homme et l’État, ouvrage lié aux cir­cons­tances de la guerre et à la pro­pa­gande amé­ri­caine affé­rente à laquelle le phi­lo­sophe avait prê­té son concours. Consta­tant l’échec du ratio­na­lisme dans sa ten­ta­tive d’unifier le monde, mais vou­lant contri­buer à créer une cer­taine base idéo­lo­gique uni­ver­selle non spé­ci­fi­que­ment chré­tienne, il pro­po­sa ce qu’il vou­lait consi­dé­rer comme la solu­tion pour les temps nou­veaux : le plu­ra­lisme des croyances autour d’un cre­do com­mun, « le cre­do de la liber­té[8] », dont la recon­nais­sance de la digni­té humaine à tra­vers l’affirmation des droits de l’homme serait l’objet prin­ci­pal. C’est l’idée qui a influen­cé la rédac­tion de la Décla­ra­tion uni­ver­selle des droits de l’homme (1948), mais elle ne repo­sait évi­dem­ment que sur l’équivoque, et a débou­ché sur des inter­pré­ta­tions évo­lu­tives bien éloi­gnées de ce qu’avait pré­vu Mari­tain. Même si ce texte a été célé­bré avec éclat en 2018, il est bien clair que son carac­tère fac­tice éclate aux yeux[9].

Dans cette même seconde par­tie du XXe siècle, la crois­sance consi­dé­rable de la tech­nique, d’un côté, la décom­po­si­tion cultu­relle et reli­gieuse, de l’autre, ont eu pour effet de per­tur­ber tous les repères, et de favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment sans entraves des atteintes à la vie et à la nature même de l’être humain. L’avortement de masse en est l’un des plus évi­dents sym­boles, auquel s’ajoute main­te­nant le trans­hu­ma­nisme. Dès lors le dis­cours sur la digni­té humaine issu des Lumières, lui-même sub­ver­sif de la notion natu­relle et chré­tienne, s’est trou­vé en posi­tion déli­cate, apte à être invo­qué en tout sens comme argu­ment de cir­cons­tance, que ce soit pour frei­ner cer­taines mani­pu­la­tions bio­lo­giques sur l’embryon, la réa­li­sa­tion de croi­se­ments homme-ani­mal ou à l’inverse, pour jus­ti­fier toutes sortes de com­por­te­ments déviants. Une étude de son uti­li­sa­tion dans les cours consti­tu­tion­nelles occi­den­tales et dans la pro­duc­tion légis­la­tive véri­fie­rait aisé­ment le fait. Il ne peut en être autre­ment à par­tir du moment où la digni­té humaine est répu­tée intou­chable, mais conti­nue d’être défi­nie comme fon­dée sur une liber­té confon­due avec l’exercice de l’autonomie, sans lien avec le bien et le mal, notions répu­tées hété­ro­nomes, tenues comme expres­sion d’une vio­lence.

Il n’en demeure pas moins que le concept de digni­té éla­bo­ré au XVIIIe siècle est iné­luc­ta­ble­ment sou­mis aujourd’hui à une épreuve de véri­té, pour la simple rai­son qu’après avoir ser­vi à s’affranchir de la loi natu­relle, elle en vient à gêner les ver­sions les plus auda­cieuses – et les plus logiques – de la libé­ra­tion de toute les limites, main­te­nant carac­té­ris­tique de la décom­po­si­tion post­mo­derne. Dans ces condi­tions nou­velles, un pro­fes­seur de l’université pon­ti­fi­cale Anto­nia­num, à Rome, le père fran­cis­cain Lluis Ovie­do Torró, a pu faire le constat sui­vant : l’idée de digni­té humaine est « l’un des rares concepts qui se forgent dans la conjonc­tion entre l’inspiration chré­tienne qui exalte l’excellence de l’être humain dans l’ordre de la créa­tion, et les efforts des Lumières et de l’humanisme pour situer les hommes au centre de tout. On peut affir­mer que nous sommes face à l’un des rares cas où se réa­lise une bonne conver­gence entre la tra­di­tion chré­tienne et l’esprit moderne qu’incarnait Kant, à côté de beau­coup d’autres visant à don­ner à l’humain une impor­tance majeure[10]. »

L’auteur ne s’inscrit pas exac­te­ment dans la lignée concor­diste si pra­ti­quée dans un cer­tain milieu ecclé­sias­tique. Il part du constat que la rhé­to­rique de la digni­té humaine s’épuise et est res­sen­tie comme une gêne pour tous ceux qui veulent avoir les mains libres pour pro­cé­der à des expé­ri­men­ta­tions sur l’homme, « aug­men­ter » cer­tains humains et en éli­mi­ner d’autres comme des déchets, toutes choses pré­pa­rées de longue date, note-t-il, par la socio­bio­lo­gie et le beha­vio­risme nord-amé­ri­cain, et mises en pro­gramme par des centres de recherches d’avant-garde et des mul­ti­na­tio­nales. Les publi­ca­tions expli­ci­tant ce sou­hait de voir remi­ser à un rang subal­terne, sinon éli­mi­ner l’idée de digni­té humaine ont ten­dance à se mul­ti­plier et à se faire tou­jours plus expli­cites. Beyond free­dom and digni­ty, de B. F. Skin­ner, l’un des grands com­por­te­men­ta­listes amé­ri­cains, maté­ria­liste réso­lu et donc néga­teur de la liber­té, fut un ouvrage pion­nier dans cette direc­tion (1971) ; plus près de nous le très média­ti­sé Ste­ven Pin­ker[11], éga­le­ment psy­cho­logue et non moins maté­ria­liste que le pré­cé­dent, cri­tique l’inconsistance et le manque de cohé­rence du concept (moderne) de digni­té, et invoque la vraie logique de l’auto­dé­ter­mi­na­tion pro­fes­sée par les Lumières, qu’il oppose à la digni­té qu’il qua­li­fie tout sim­ple­ment de « stu­pi­di­té »[12]. Dans ces condi­tions, l’invocation rituelle de la digni­té humaine dans les dis­cours offi­ciels est appe­lée à être bat­tue en brèche, et le mythe de la civi­li­sa­tion moderne occi­den­tale, avec son huma­nisme reven­di­qué mais sans fon­de­ment réel, risque de suc­com­ber sous le cynisme. Tout cela va bien évi­dem­ment dans le sens de la levée de tous les inter­dits encore oppo­sables aux recherches scien­ti­fiques, tant sur les corps que sur les âmes.

Par delà l’observation d’une cer­taine com­mu­nau­té ver­bale entre la recon­nais­sance chré­tienne de la digni­té de l’homme et la concep­tion venue des Lumières qui la contre­dit, et la très pro­bable vani­té de l’espoir d’en tirer des effets pra­tiques, un fait se confirme : le concept moderne de digni­té est, dès le départ, gros de l’évolution qu’il connaît aujourd’hui, au même titre que la décom­po­si­tion post­mo­derne est pré­con­te­nue dans le concept même d’une Moder­ni­té qui pro­met l’humanisme le plus glo­rieux mais accu­mule tous les élé­ments de son abais­se­ment. L’aspect posi­tif du moment actuel est, dans ce domaine comme dans quelques autres, l’exclusion des esquives et le retour, qu’on le veuille ou non, à l’essentiel.

Ber­nard Dumont

[1]. Ser­mon 27 « In Nati­vi­tate Domi­ni », 7, cité par José Miguel Gam­bra, « Le concept de digni­té humaine », in B. Dumont, M. Ayu­so, D. Cas­tel­la­no, Église et poli­tique. Chan­ger de para­digme, Artège, Per­pi­gnan, 2013, p. ****

[2]. Saint Ambroise écrit : « Il est bon d’adhérer à Dieu et de ne pas plier le cou sous le joug du monde. Veille dès lors à ne pas entraî­ner en une pous­sière de mort ton âme à qui le Sei­gneur a don­né une élé­va­tion natu­relle et une vigueur lui per­met­tant de mon­ter et se haus­ser » (Expo­sé sur le psaume cent-dix-huit, IV, I, tra­duc­tion Denys Gorce, Édi­tions du Soleil Levant, Namur, 1962, p.51).

[3]. J. M. Gam­bra (loc. cit.) pré­cise, résu­mant saint Ber­nard : « Le libre arbitre devient la capa­ci­té de consen­tir spon­ta­né­ment à ce que connaît la rai­son, qui pour sa part n’a pas de liber­té, mais appar­tient au domaine de la néces­si­té »

[4]. Mireille Del­mas-Mar­ty, Le crime contre l’humanité (PUF, coll. « Que Sais-je ? », 2013, p. 94).

[5]. Guy Aurenche, « La digni­té : moder­ni­té et ave­nir d’un concept », Théo­phi­lyon, t. VIII, n. 2, novembre 2008, p. 332. L’auteur a pré­si­dé des ONG comme l’ACAT et le CCFD. La qua­si-cita­tion de Kant est emprun­tée à ses Fon­de­ments de la Méta­phy­sique des mœurs.

[6]. Jacques Mari­tain avait émis une idée, glo­sant plus ou moins sur celle de désen­chan­te­ment du monde pro­po­sée par Max Weber : la socié­té poli­tique moderne a rom­pu ses amarres avec « l’idéal sacral du Moyen Âge », dans un « pro­ces­sus qui en lui-même n’était qu’un déve­lop­pe­ment de la dis­tinc­tion évan­gé­lique entre les choses qui sont à César et celles qui sont à Dieu » (L’homme et l’État, rééd. Des­clée De Brou­wer, 2009, p. 131, sous la rubrique « La “foi” sécu­lière démo­cra­tique ».

[7]. Livre XIV, 28.

[8].  J. Mari­tain, L’homme et l’État, op. cit., p. 133.

[9]. Rap­pe­lons qu’elle com­mence par l’énoncé sui­vant : « Consi­dé­rant que la recon­nais­sance de la digni­té inhé­rente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inalié­nables consti­tue le fon­de­ment de la liber­té, de la jus­tice et de la paix dans le monde. Etc. » Suit l’article Ier : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en digni­té et en droits. Ils sont doués de rai­son et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fra­ter­ni­té. » Puis l’article 2–1 : « Cha­cun peut se pré­va­loir de tous les droits et de toutes les liber­tés pro­cla­més dans la pré­sente Décla­ra­tion, sans dis­tinc­tion aucune, notam­ment de race, de cou­leur, de sexe, de langue, de reli­gion, d’opinion poli­tique ou de toute autre opi­nion, d’origine natio­nale ou sociale, de for­tune, de nais­sance ou de toute autre situa­tion. » C’est bien de « cre­do démo­cra­tique » qu’il s’agit, nul­le­ment de tran­sac­tion (ce qui n’aurait d’ailleurs pas été plus satis­fai­sant).

[10]. Llluis Ovie­do Torró ofm, « Por una impli­ca­ción teoló­gi­ca en los debates en tor­no a la noción de “digni­dad huma­na” », Proyec­ción [Madrid], LXV (2018), pp. 137–138.

[11]. Auteur d’un livre der­niè­re­ment tra­duit en fran­çais : Le triomphe des Lumières. Pour­quoi il faut défendre la rai­son, la science et l’humanité (Les Arènes, novembre 2018).

[12]. S. Pin­ker, « The stu­pi­di­ty of digni­ty », article paru dans The New Repu­blic (28 mai 2008). L’article, écrit pour s’opposer à un rap­port du Coun­cil on Bioe­thics (Washing­ton) paru quelque temps aupa­ra­vant, com­porte diverses attaques directes contre tous ceux qui veulent entra­ver la libre expé­ri­men­ta­tion sur l’humain. Cf. https://newrepublic.com/article/64674/the-stupidity-dignity

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