Herder et le romantisme allemand
La pensée du philosophe prussien (1744–1803) éclaire de manière lointaine certains aspects du relativisme postmoderne.
La « théologie du peuple » connaît actuellement une certaine vogue, passant pour être une version présentable de la théologie de la libération. Dans un long article intitulé « “Théologie du peuple” : théologie ou idéologie ? », publié dans la revue chilienne Anales de Teología, Carlos Daniel Lasa, docteur en philosophie et professeur dans plusieurs universités argentines, s’est attaché à décrire ses fondements philosophiques, et en particulier ce qui est selon lui l’une de ses sources intellectuelles, le romantisme allemand. Critiquant le rationalisme froid des Lumières, celui-ci en intègre pourtant plusieurs principes essentiels, plaçant le sujet au centre et liant la vérité à la perception subjective que s’en fait ce dernier, qu’il soit individuel ou collectif (le peuple), et soumise de ce fait à
toutes les évolutions possibles. C’est la porte ouverte au relativisme le plus complet. Il s’avère que la lecture de Herder permet aussi de comprendre le sens général de l’évolution de l’esprit des Lumières arrivé à la période qui, aujourd’hui, en révèle certains des objectifs majeurs : la décomposition postmoderne. L’extrait présenté ci-après, avec l’accord de l’auteur, qui en a relu la traduction, aidera à le vérifier.