Revue de réflexion politique et religieuse.

Numé­ro 149 : De la conci­lia­tion à l’in­clu­sion.

Article publié le 18 Oct 2020 | imprimer imprimer  | Version PDF | Partager :  Partager sur Facebook Partager sur Linkedin Partager sur Google+

Le cou­rant du libé­ra­lisme catho­lique s’est carac­té­ri­sé par une ten­ta­tive pour récon­ci­lier « Dieu et liber­té », selon la devise si sug­ges­tive de L’Avenir, fon­dé en 1830, autre­ment dit la concep­tion de la vie et de l’organisation de la socié­té conformes à la loi natu­relle, d’un côté, et de l’autre, sa contra­dic­tion issue des Lumières, fon­dant le « règne de l’homme », pour reprendre un titre de Rémi Brague. Ce cou­rant a été pro­téi­forme, sans cesse renais­sant au gré des chan­ge­ments de situa­tions ou d’occasions favo­rables, et il s’est expri­mé dans des champs et selon des moda­li­tés mul­tiples, en théo­lo­gie comme en matière sociale et poli­tique, et avec des nuances, par­fois très impor­tantes, tenant à la per­son­na­li­té de ses pro­ta­go­nistes comme au style domi­nant de chaque période.
Phé­no­mène prin­ci­pa­le­ment théo­rique, le libé­ra­lisme catho­lique a béné­fi­cié du sou­tien d’auteurs de grande capa­ci­té intel­lec­tuelle. Phé­no­mène très poli­tique éga­le­ment, il a ren­con­tré des occa­sions favo­rables dans cer­taines conjonc­tures, telles que le Ral­lie­ment (Léon XIII, 1892), la poli­tique du pape Pie XI, incluant notam­ment la condam­na­tion de fait de l’Action fran­çaise en 1926, épi­sode que l’historien Adrien Dan­sette a nom­mé le « Second Ral­lie­ment », la longue période de troubles avant, pen­dant et après la Seconde Guerre mon­diale, le « moment conci­liaire » enfin.

Quelques grands esprits ont exer­cé une influence par­ti­cu­liè­re­ment pérenne à l’intérieur du monde catho­lique tout au long de ces étapes. Les figures domi­nantes, hors le cercle des clercs, sont essen­tiel­le­ment celles de Jacques Mari­tain (1892–1973) et de son aîné Mau­rice Blon­del (1861–1949). Quoique objec­ti­ve­ment très proches mal­gré la dif­fé­rence de leurs réfé­rences phi­lo­so­phiques – l’un néo-tho­miste, l’autre anti-tho­miste –, ils ont tous deux for­te­ment contri­bué au « tour­nant » conci­liaire et mar­qué toute la période qui a sui­vi. Si l’accent est sou­vent mis sur le rôle de pas­seur tenu par Mari­tain, que Paul VI hono­ra spé­cia­le­ment pour cela mais dont l’étoile a eu ten­dance à pâlir par la suite, Blon­del conserve une influence plus que jamais actuelle. Phi­lo­sophe, théo­lo­gien et acteur poli­tique, il sera ici prin­ci­pa­le­ment consi­dé­ré sous ce der­nier aspect.

L’un de ses dis­ciples avé­rés, Peter Hein­ri­ci, ancien évêque auxi­liaire de Coire, en Suisse, a long­temps ensei­gné la phi­lo­so­phie moderne à l’université Gré­go­rienne, à Rome. En 2003, à l’occasion d’un congrès sur le phi­lo­sophe fran­çais, il accor­da un entre­tien au jour­nal L’Espresso, dans lequel il affir­ma notam­ment ceci : « À mon avis Blon­del est le phi­lo­sophe de Vati­can II, en par­ti­cu­lier par sa convic­tion qu’il y a une véri­table com­pé­né­tra­tion entre les réa­li­tés ter­restres et la grâce divine. La moder­ni­té n’est pas un adver­saire à com­battre, mais une voie d’accès au chris­tia­nisme.[1] »

Ces pro­pos résument assez bien deux aspects liés : le fil conduc­teur de la pen­sée blon­dé­lienne, et ce qu’il est conve­nu d’appeler l’intui­tion du concile de 1962–65.

Blon­del a fré­quen­té les auteurs moder­nistes plus ou moins affir­més (Loi­sy, Laber­thon­nière), mais a tou­jours pris soin de pra­ti­quer l’équi­dis­tance, ren­voyant dos à dos les plus tra­di­tio­na­listes de son époque, accu­sés d’abuser de l’argument d’autorité (et accu­sés pour cela d’extrinsécisme) et d’autre part les moder­nistes pro­pre­ment dits, en rup­ture avec les véri­tés de la foi au nom de « la science » et résor­bant (ou niant de fait) la grâce dans la nature, et pour cela qua­li­fiés d’imma­nen­tistes. Mais cette pos­ture, qui pour­rait tra­duire une forme de modé­ran­tisme, ou de ruse rhé­to­rique, peut aus­si ouvrir la voie à la recherche de syn­thèses en forme d’atte­lages dis­pa­rates[2].

Nous sommes en 2020, à quatre-vingt-dix ans d’une Semaine sociale, tenue à Bor­deaux, au cours de laquelle Mau­rice Blon­del était inter­ve­nu en défense de son ami Hen­ri Lorin, l’un des prin­ci­paux par­ti­sans et acteurs poli­tiques du Ral­lie­ment, alors à la tête de cette orga­ni­sa­tion de ren­contres annuelles de catho­liques sociaux (lan­cée en 1904 et tou­jours actuelle sous le nom de Semaines sociales de France). Un livre publié en 2000 repro­dui­sait l’édition ori­gi­nale où avaient été réunies les inter­ven­tions de Blon­del, extrê­me­ment pro­lixe et fré­quem­ment très polé­mique, sous le titre : Une alliance contre nature : catho­li­cisme et inté­grisme[3].

L’ouvrage ras­sem­blait ain­si la série des articles publiés à l’époque sous le pseu­do­nyme de Tes­tis dans les Annales de phi­lo­so­phie chré­tienne. Une pré­face de Peter Hein­ri­ci, déci­dé­ment blon­dé­lien, et une intro­duc­tion his­to­rique de Michael Sut­ton, spé­cia­liste de la période, était ajou­tées à cet ensemble. Mais c’est bien sûr le texte prin­ci­pal qui révé­lait, en dépit de sa sur­abon­dance ver­bale, de nom­breux élé­ments per­met­tant de mieux com­prendre la men­ta­li­té de la mino­ri­té active « ral­liée », le pro­blème alors objec­ti­ve­ment posé par cer­tains de ceux qui s’y oppo­saient au nom de l’orthodoxie doc­tri­nale, mais don­naient en par­tie des armes pour se faire battre, enfin la ques­tion de fond, tant poli­tique que théo­lo­gique, qui sub­sis­te­ra jusqu’à Vati­can II et dont on éprouve les consé­quences jusqu’à pré­sent.

Le Ral­lie­ment (1892) fut avant tout un grand pro­jet – ou une grande illu­sion – rame­né à une manœuvre poli­tique cher­chant à insé­rer les catho­liques fran­çais dans le sys­tème majo­ri­taire par la créa­tion d’un « bloc catho­lique », uni pour l’occasion comme un seul homme, balayant toute autre consi­dé­ra­tion au-delà du court terme. Cepen­dant les moda­li­tés de rédac­tion de cette « consigne » dans le texte de Léon XIII (Au milieu des sol­li­ci­tudes) n’empêchaient pas d’aller bien plus loin, auto­ri­sant de fac­to des mou­ve­ments d’adhésion en pro­fon­deur au régime issu du pro­ces­sus révo­lu­tion­naire, que les catho­liques libé­raux appe­laient, dans un sens posi­tif, le « régime moderne ». Hen­ri Lorin sera de ceux qui orga­ni­sèrent en France la visite de pro­pa­gande de l’archevêque de Saint Louis (Min­ne­so­ta), John Ire­land, en faveur de la démo­cra­tie amé­ri­caine, l’année même du Ral­lie­ment.

La ques­tion pour les catho­liques libé­raux se situe, en ce début du XXe siècle, autant dans le domaine des prin­cipes que dans celui du pou­voir, autre­ment dit de la lutte contre les détrac­teurs et la conquête de l’hégémonie à l’intérieur des milieux catho­liques. Sur ce der­nier plan les bro­chures de Tes­tis illus­trent le cli­mat polé­mique oppo­sant le libé­ra­lisme des uns au « maxi­ma­lisme de l’intransigeance » des autres. Ce com­bat est sou­vent un échange sur fond d’idéologie (libé­rale), d’arguments d’autorité doc­tri­nale (« inté­griste ») mais aus­si de dis­putes théo­lo­giques qui se pro­lon­ge­ront jusqu’à nous, pra­ti­que­ment autour des mêmes thèmes fon­da­men­taux, bien qu’avec des déve­lop­pe­ments mul­tiples[4]. Le cli­mat de ces luttes est alors très délé­tère, fait d’invectives et de dénon­cia­tions. Le moder­nisme, à l’égal de beau­coup de ten­dances erro­nées du pas­sé, et comme l’a sou­li­gné l’encyclique Pas­cen­di (1907), avan­çait mas­qué, pré­ten­dant que son concept même était une inven­tion de ses détrac­teurs dépour­vus d’information exacte et de nuances. Mais en regard une sorte de mac­car­thysme avant l’heure cher­chait à débus­quer cette ten­dance hété­ro­doxe par­tout où elle s’exprimait, ou ris­quait de le faire, voire ne se trou­vait pas, cela notam­ment sous la hou­lette du pré­lat ita­lien Umber­to Beni­gni et de son ser­vice d’investigation, le Soda­li­tium Pia­num, autre­ment nom­mé la « Sapi­nière ». Or abus de lan­gage et exa­gé­ra­tions fai­saient le jeu de la ligne médiane repré­sen­tée par Blon­del, per­met­tant à ce der­nier d’ouvrir sys­té­ma­ti­que­ment des fenêtres pour la symé­trie – non exemptes de sim­pli­fi­ca­tions – et d’avancer ses propres thèses. Celle, par exemple, consis­tant à affir­mer que la défense de la jus­tice sociale amène « infailli­ble­ment les hommes de bonne foi à res­pec­ter le chris­tia­nisme », qu’il convient dès lors d’ « aimer le vrai et le bien sous quelque pavillon qu’ils se pro­duisent, [d’]avoir cette confiance que “toute véri­té est catho­lique” » – et même « secrè­te­ment catho­lique[5] ». Cette voie annonce l’éclosion des « dia­logues » de toutes sortes, et dans la même veine, le chris­tia­nisme ano­nyme de Karl Rah­ner[6]. Blon­del l’oppose à celle des intran­si­geants qui vou­draient, selon lui, « refou­ler cet élan, sous pré­texte qu’il pro­cède d’une ori­gine infé­rieure, repous­ser ce retour d’un pro­digue qui n’est pas assez désa­bu­sé ni repen­tant, éteindre ce flam­beau qui semble se ral­lu­mer à un foyer trop humain et même impur, attendre l’humiliation com­plète et la faim noire qui condui­raient les peuples à Canos­sa[7] ». Dans une telle oppo­si­tion entre rigo­risme aveugle assé­né de l’extérieur et com­pré­hen­sion pas­to­rale (dirait-on aujourd’hui), on peut déjà entre­voir les élé­ments de la thèse prin­ci­pale, théo­lo­gique et phi­lo­so­phique, du blon­dé­lisme, qui ne se veut pas imma­nen­tiste comme le moder­nisme, c’est-à-dire pré­ten­dant que l’ordre de la nature conduit néces­sai­re­ment à un accom­plis­se­ment sur­na­tu­rel, mais qui cherche néan­moins à éta­blir un lien concret d’un che­mi­ne­ment vers le sur­na­tu­rel à l’intérieur de dis­po­si­tions chré­tiennes qui s’ignorent.

Blon­del uti­lise lar­ge­ment l’argument ad homi­nem. Les catho­liques « inté­gristes », dit-il, exigent l’adhésion pure et simple au Cre­do et refusent de prê­ter des inten­tions incons­ciem­ment catho­liques aux incroyants sin­cères ; que font-ils alors en se met­tant à la traîne d’un Maur­ras athée et auteur d’écrits scan­da­leu­se­ment anti­chré­tiens, au nom d’un « ordre » sans rela­tion avec la chré­tien­té ? D’autres – plus près de Rome – se com­plaisent dans la dis­tinc­tion pro­po­sée par les jésuites, entre thèse et hypo­thèse, jus­ti­fiant en fait toutes sortes de com­pro­mis­sions, tou­jours au nom du main­tien de l’ordre social assu­ré par un pou­voir fort quoique loin d’être chré­tien. Tous ces reproches ne sont que trop fon­dés. Mais on com­prend dans quel sens l’argument est uti­li­sé. Il est peut-être bon de citer ici un pas­sage assez long, don­nant la mesure exacte du dis­cours tenu. Blon­del attaque ses adver­saires « extrin­sé­cistes » : « Dès l’instant où on a sépa­ré les divers ordres de réa­li­té comme des concepts logiques ou des atomes intel­lec­tuels, et dès lors qu’on a jux­ta­po­sé le ratio­na­lisme d’une pen­sée qui suf­fit réel­le­ment à connaître Dieu, au sur­na­tu­ra­lisme d’une foi qui est récep­ti­vi­té pure d’une don­née pure­ment extrin­sèque, on ne peut plus admettre, on ne peut plus com­prendre ni qu’il puisse y avoir dans l’ordre natu­rel une faille qui le fasse s’entrouvrir, un ferment qui le sou­lève, ni que l’ordre sur­na­tu­rel sans s’abolir puisse des­cendre dans la nature et s’y faire ou s’en faire cher­cher. Et voi­là pour­quoi la seule idée d’une pré­sence imma­nente d’une expé­rience posi­tive, d’un sens intrin­sèque du sur­na­tu­rel, paraît non seule­ment irré­mé­dia­ble­ment incom­plète et obs­cure (ce qui est vrai), mais abso­lu­ment et tota­le­ment à exclure (ce qui est faux) [8]. »  Sans doute Blon­del s’en prend-il avec faci­li­té à une cer­taine apo­lo­gé­tique tein­tée de ratio­na­lisme, pré­ten­dant qu’à par­tir de la connais­sance phi­lo­so­phique de l’existence de Dieu et de ses per­fec­tions, la Révé­la­tion est pos­sible, et que dès lors que celle-ci est attes­tée par ses témoins – le Magis­tère trans­met­tant le témoi­gnage his­to­rique des Apôtres – la rai­son doit se sou­mettre[9]. Mais il géné­ra­lise abu­si­ve­ment, et en revanche ne donne pas de réponse claire et satis­fai­sante, pour res­ter dans un flou favo­rable à l’immanentisme dont il cherche à s’exonérer. Le pro­blème de la foi, c’est qu’elle est un acte de la volon­té, non une conclu­sion d’ordre logique, acte de volon­té qui ne viole pas les exi­gences de la rai­son, mais qui se sou­met aux signes que Dieu envoie de sa pré­sence et pré­pare et accom­pagne par sa grâce. C’est pour­quoi la foi est un ratio­na­bile obse­quium (Rm 12, 1), le pre­mier acte de culte ren­du à Dieu se révé­lant, une sou­mis­sion qui ne heurte pas la rai­son mais ne découle pas de son impé­ra­tif.

La dif­fi­cul­té, qui se pré­ci­se­ra tout au long de la pen­sée de Blon­del et de ses dis­ciples suc­ces­sifs est bien pré­sente dans le petit pas­sage cité ci-des­sus, et qui tient notam­ment à un lan­gage impré­cis et ambi­gu : une « faille » dans l’ordre natu­rel, un « ferment qui le sou­lève ». De quelle espèce sont donc cette faille et ce ferment, sinon du tra­vail propre de la grâce sur les âmes ?

Il faut com­prendre, semble-t-il, que Blon­del et ses dis­ciples auraient aimé consi­dé­rer que dans les incroyants, et leur sys­tème poli­tique, puisse exis­ter quelque trace du divin même quand les signes exté­rieurs font pen­ser le contraire. Qui le nie­rait pour les indi­vi­dus, s’agissant du tra­vail de la grâce du Christ, qui « frappe » tou­jours à la porte[10] ? Cepen­dant la visée va au-delà, tou­jours dans l’optique  du double ser­vice « de Dieu et du monde » (le monde de la « liber­té » libé­rale, qui est à des degrés divers défi­nie comme un affran­chis­se­ment du joug, fût-il « suave et far­deau léger » (Mt 11, 30).

Ces inten­tions appa­raissent dans la cri­tique tou­jours plus polé­mique de ce que Blon­del nomme le « mono­pho­risme », terme qu’il n’introduit que tar­di­ve­ment et défi­nit ain­si : « sys­tème qui traite exclu­si­ve­ment les hommes de haut en bas, selon l’instinct de dure­té et de domi­na­tion, de ser­vi­lisme et d’avidité, qui est en cha­cun de nous, le fond même du vieil homme[11] ». Dans la mesure où le pro­pos veut s’universaliser, il revient der­rière la cari­ca­ture, à contes­ter pure­ment et sim­ple­ment l’autorité non consen­tie. Sous ce rap­port, il existe une grande proxi­mi­té de pen­sée entre le phi­lo­sophe et le fon­da­teur du Sillon, Marc San­gnier, avec qui il par­tage le même esprit de ral­lie­ment incon­di­tion­nel à l’ordre éta­bli.

La « poli­tique d’apaisement ou de conva­les­cence[12] » va en direc­tion de la coopé­ra­tion loyale avec la Répu­blique du petit père Combes, au nom des élé­ments de bien que le sys­tème main­tient par la force des choses. Mais ce que Blon­del a alors défen­du en sou­te­nant son ami Lorin a de beau­coup dépas­sé l’état d’esprit du démo­cra­tisme chré­tien. En tant que phi­lo­sophe tou­chant à la reli­gion, il a clai­re­ment influen­cé toute une veine de pen­sée, poli­tique et théo­lo­gique, notam­ment avec l’appui de divers jésuites, du P. Valen­sin à Hen­ri de Lubac, en pas­sant par Teil­hard de Char­din ou encore Yves de Mont­cheuil.

Lors d’un col­loque orga­ni­sé à Aix-en-Pro­vence pour célé­brer le 70e anni­ver­saire de la mort du phi­lo­sophe, un autre jésuite, belge, le P. Andreas Lind, s’est appli­qué à mettre en évi­dence le « lien fon­da­men­tal » exis­tant entre Blon­del et la pen­sée ber­go­glienne de l’inclu­sion. Oppo­sant le réel au notion­nel, la « réa­li­té de la vie concrète » à la « théo­rie abs­traite », il ren­dait ain­si rai­son de la fameuse for­mule : « la réa­li­té est supé­rieure à l’idée[13] ».

Pré­ten­dant naguère plon­ger « au cœur des masses », désor­mais dans les « péri­phé­ries » et au milieu de « migrants » mythi­fiés pour y ren­con­trer le Christ, ce cou­rant finit par ne faire route com­mune qu’avec les puis­sants du jour et les illu­sions syn­cré­tistes.

[1]. Texte repro­duit le 13 février 2003 sur http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/6916.html

[2]. « Ne vous atta­chez pas à un même joug, avec les infi­dèles. Car quelle socié­té y a‑t-il entre la jus­tice et l’i­ni­qui­té ? ou qu’a de com­mun la lumière avec les ténèbres ? » (2 Cor 6, 14)

[3]. Mau­rice Blon­del, Une alliance contre nature : catho­li­cisme et inté­grisme. La Semaine sociale de Bor­deaux 1910, Les­sius, coll. « Don­ner rai­son », Bruxelles, 2000.

[4]. Sur l’ensemble de la période, cf. Peter J. Ber­nar­di, Mau­rice Blon­del, Social Catho­li­cism, and Action fran­çaise. The clash over the Church’s role in Socie­ty during the Moder­nist era, The CUA Press, Washing­ton, 2009. Le pre­mier cha­pitre pré­sente en detail le contexte immé­diat de l’affaire de la Semaine sociale de 1910 ; repla­çant celle-ci dans les suites de l’échec poli­tique du Ral­lie­ment et la ten­ta­tive sub­sé­quente d’une ouver­ture des catho­liques sociaux en direc­tion du socia­lisme, sous l’égide d’une com­mune recherche de la jus­tice sociale.

[5]. Ibid., pp. 10–11 et 14.

[6]. Cf.  Jean-Paul Reswe­ber, « La rela­tion de l’homme à Dieu selon K. Rah­ner et M. Blon­del », Revue des sciences reli­gieuses, 1972 (46–1), pp. 20–37. L’auteur note une « affi­ni­té d’inspiration » entre les deux auteurs qui n’ont pas eu de liens réels entre eux, mais qui l’un et l’autre, fer­me­ment aller­giques à la pen­sée de saint Tho­mas mal­gré sa remise au pre­mier plan par Léon XIII (Aeter­ni Patris, 1879), ont été débi­teurs de la pen­sée kan­tienne. Ce très sub­stan­tiel article est repro­duit sur le por­tail Per­sée : https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1972_num_46_1_2632

[7]. Une alliance contre nature…, op. cit., p. 10.

[8]. Ibid., pp. 60–61.

[9]. Le domi­ni­cain tho­miste Ambroise Gar­deil, contem­po­rain de Blon­del et bien dif­fé­rent dans ses posi­tions, avait cri­ti­qué en détail ce ratio­na­lisme sous appa­rence de pié­té, iden­ti­fiant conclu­sion néces­saire d’un syl­lo­gisme et cré­di­bi­li­té des signes et témoi­gnages (cf. La cré­di­bi­li­té et l’apologétique, Lecoffre/Gabalda, 1908).

[10]. Cf. Ap 3, 20 : « Voi­ci que je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je sou­pe­rai avec lui et lui avec moi. »

[11]. Une alliance contre nature…, op. cit., p. 152.

[12]. Ibid., p. 100, note 1.

[13]. Cita­tions du P. Lind, dans « Mau­rice Blon­del et le pape Fran­çois : une pen­sée paral­lèle sur le refus des inté­grismes et des natio­na­lismes. Confé­rence d’Andreas Lind », La Croix, 29 novembre 2019, et for­mule tirée d’Evan­ge­lii gau­dium (2013), n. 233.

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