De la cité luthérienne à la cité calviniste par Claude Polin
Luthéranisme et calvinisme divergent fortement quant aux options politiques qu’ils conditionnent, en dépit d’un point de départ commun.
Luthéranisme et calvinisme divergent fortement quant aux options politiques qu’ils conditionnent, en dépit d’un point de départ commun.
Approche génétique du développement de l’idée moderne de liberté du Sujet, des problèmes qui en résultent pour la vie sociale, et de l’imperfection des réponses apportées tant que demeure intouchable le principe qui en est à l’origine.
« Il y a, disait Antigone, des lois non écrites qui passent les lois humaines. Mais tous aujourd’hui acclament Créon. »
La fin des idéologies n’est pas pour demain, car elles ont un rapport étroit avec la philosophie moderne encore maîtresse du jeu.
Technocratie et démocratie sont des concepts antithétiques. Pourtant en pratique il s’opère une collusion entre le politicien, adorateur affiché de la souveraineté populaire, et les technocrates, détenteurs d’une science réputée supérieure.
Quelques leçons tirées des manifestations françaises du printemps 2013.
« Comment donc, tout en niant qu’il puisse y avoir une harmonie providentielle de l’univers, est-il possible de soutenir en même temps qu’il existe une loi universelle et légitime s’imposant à chaque homme lors même que l’on proclame son droit à désobéir à toute loi qui lui serait purement et simplement imposée ? »
Là où s’épanouit la démocratie, le patriotisme au sens ancien n’a plus cours. Pour autant, il n’est pas de démocratie qui n’ait conservé des forces armées. Etude d’un paradoxe apparent, qui est l’une des origines de la crise contemporaine de l’armée.
« C’est à l’instant même où l’on croit avoir assuré l’égalité universelle qu’on a instauré en réalité le droit du plus fort, c’est-à-dire l’inégalité la plus brutale. »
« Troublantes sociétés que les nôtres, où chacun est porté à jouer les victimes, donc à accuser autrui, mais où chacun répugne en même temps à endosser la moindre culpabilité, parce qu’elles ont décidé de ne plus prendre pour critère du bien et du mal, de l’innocence et du crime que des droits, droits encore une fois indéterminés parce qu’ils sont ceux d’une liberté elle-même indéterminée ! »
L’abolition de la propriété privée prônée par le communisme est le masque que prend la plus traditionnelle des passions humaines, la libido habendi, dont l’hédonisme répandu dans nos sociétés constitue l’une des manifestations les plus apparentes.
« Est-il utile de méditer l’histoire de l’Amérique ? Oui parce qu’elle est non pas un exemple pour le monde, mais l’exemple de ce que va devenir un monde occidental irrésistiblement attiré par le subjectivisme qu’elle incarne depuis l’origine. »
La perte de crédit du système représentatif est profonde, et cependant subsiste l’idée que la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres. Pourquoi ?
Devant la décomposition de l’ancien ordre politique certains se raccrochent au rêve d’une société où, par l’effet de quelque miraculeux arrangement, les forces centrifuges convergeraient spontanément. C’est ce qu’avait imaginé Pierre-Joseph Proudhon, bien plus actuel sous ce rapport qu’on ne le penserait.
« Il faut comprendre que sous les dehors de l’humanité la plus admirablement éthique se cache en réalité la plus crue et la plus cynique des idolâtries de soi, et qu’à nouveau les droits de l’homme sont d’abord les droits de chacun. »
Il est vain d’imaginer un dépassement de la dissociété qui vient achever le cycle de la modernité sans revenir à la source religieuse de toute sociabilité.
La tentation guette de s’inspirer des Lumières américaines pour échapper à l’enfermement provoqué par les Lumières européennes.
Une lecture analytique du dernier ouvrage de Charles Taylor, le principal théoricien canadien du communautarisme anglo-saxon, montre à quel point ce dernier recoupe la recherche d’une « laïcité positive » développée en Europe, sur la base d’une impossible conciliation entre immanence et transcendance.